Les premières heures du président Hollande

Par latribune.fr  |   |  1828  mots
AFP
Retour sur une journée marquée par la passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, l'investiture officielle, la remontée des Champs-Elysées, l'hommage au Soldat Inconnu puis, après un déjeuner à l'Elysée, à Jules Ferry et Marie Curie et une cérémonie à l'Hôtel de Ville de Paris en marge de laquelle la nomination de Jean-Marc Ayrault à Matignon est officialisée. En fin d'après-midi, le départ du chef de l'Etat pour Berlin, est retardé par la foudre, repoussant d'une heure sa rencontre avec Angela Merkel.

9h45 : Avant l'arrivée de François Hollande, "Merci Sarkozy"
Devant l'Elysée, quelques soutiens s'étaient réunis pour dire au revoir à Nicolas Sarkozy. "Merci Sarkozy", s'exclament-ils en agitant des drapeaux tricolores.

10h00 : La rencontre
François Hollande remonte seul le tapis rouge déroulé pour l'occasion dans la cour de l'Elysée. Nicolas Sarkozy descend les marches du perron pour l'accueillir. Les deux hommes s'isolent ensuite pendant une trentaine de minutes pour échanger des informations confidentielles, dont le mythique "code nucléaire".

10h08 : La salle d'attente
Dans la salle des Fêtes, le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), côtoie son homologue du Sénat, Jean-Pierre Bel (PS). Possible Premier ministre, Jean-Marc Ayrault affiche un visage impassible à côté du président de la commission des Finances, le député PS Jérôme Cahuzac, pressenti au Budget. D'anciens locataires de Matignon, Pierre Mauroy (1981-84), Laurent Fabius (84-86) et Lionel Jospin (1997-98) devisent en arc de cercle.

10h39 : La séparation
Les deux couples présidentiels se quittent sur le perron de l'Elysée. Le désormais ex-locataire du palais serre la main de son successeur, puis de sa compagne, Valérie Trierweiler. Après une bise amicale entre les deux femmes, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni s'en vont main dans la main vers leur véhicule.

10h44 : Discours de Jean-Louis Debré
"Vous devenez aujourd'hui le septième président de la République (...) Vous incarnez la France", déclare le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré.

10h50 : Disours d'investiture de François Hollande
Principal leitmotiv du président Hollande : "redresser la France dans la justice". Lors d'un discours axé sur l'unité et la confiance, François Hollande a également fait état des défis économiques qu'il sait avoir à relever. "Je mesure aujourd'hui même le poids des contraintes auxquelles notre pays fait face, une dette massive, une croissance faible, un chômage élevé et une compétitivité dégradée et une Europe qui peine à sortir de la crise. Mais je l'affirme ici : il n'y a pas de fatalité dès lors qu'une volonté commune nous anime, qu'une direction claire est fixée et que nous mobilisons pleinement nos forces et les atouts de la France. Ils sont considérables, la productivité de nos travailleurs, l'excellence de nos chercheurs, le dynamisme de nos entrepreneurs, le travail de nos agriculteurs, la qualité de nos services publics, le rayonnement de notre culture et notre langue, sans oublier la vitalité de notre démographie et l'impatience de notre jeunesse."
L'ancien candidat socialiste n'a oublié ni la fonction publique «"de grande qualité" à laquelle il dit sa "reconnaissance" et "l'attente [qu'il] place en elle et en chacun de ses agents" ; ni la "démocratie sociale", assurant que "de nouveaux espaces de négociations seront ouverts aux partenaires sociaux [qu'il respectera], aussi bien les représentants des syndicats de salariés que les organisations professionnelles".

Sur la question de l'emploi, François Hollande a de nouveau exprimé l'importance selon lui de miser sur la jeunesse en proposant de "rénover la formation professionnelle, pour accompagner les jeunes vers l'emploi et lutter contre toutes les précarités. Ce sera aussi la belle idée du service civique, que j'entends relancer." Sans oublier l'écologie : "Il est temps d'engager la transition énergétique et écologique, il est temps d'ouvrir une nouvelle frontière pour le développement technologique et pour l'innovation."

François Hollande a insisté sur sa volonté d'imposer un volet croissance au pacte européen : "A nos partenaires, je proposerai un nouveau pacte qui alliera la réduction nécessaire des dettes publiques avec l'indispensable stimulation de l'économie". "Pour surmonter la crise qui la frappe, l'Europe a besoin de projets, elle a besoin de solidarité, elle a besoin de croissance", a-t-il argumenté. Celui qui veut "ouvrir une nouvelle voie en Europe" ne perd d'ailleurs pas une minute puisqu'il s'envolera pour Berlin afin de rencontrer la chancelière allemande dès son premier jour investi président.

VIDEO La passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande

11h05 : Passage en revue des invités
Le nouveau président, suivi de sa compagne, salue un par un le les représentants des corps constitués. Le nouveau chef de l'Etat s'arrête un moment devant Jean-Marc Ayrault

11h14 : Première Marseillaise
Dans les jardins de l'Elysée, François Hollande, nouveau chef des armées, écoute sa première Marseillaise. Les traditionnels vingt et un coups de canon sont tirés depuis les Invalides.

11h45 : Descente des Champs-Elysées sous la pluie
Après avoir salué les invités au cocktail de l'Elysée, le nouveau chef de l'Etat quitte le palais. Il remonte ensuite les Champs-Elysées sous la pluie devant une foule clairsemée et à bord d'une Citroën DS5 décapotable doté d'un moteur hybride.

12h00 : Salut au Soldat Inconnu
Comme le 8 mai, où il était alors aux côtés du président encore en exercice Nicolas Sarkozy, François Hollande rend hommage au Soldat Inconnu en ravivant la flamme sur sa tombe pendant que retentit la sonnerie aux morts. Le nouveau chef des Armées salue ensuite les anciens combattants présents sous l'Arc de Triomphe.

12h10 : Rapide bain de foule
Alors que la pluie continue de tomber, François Hollande traverse la place de l'Etoile et serre quelques mains dans la foule, comme l'avait fait son prédécesseur en 2007.

13h00 : Déjeuner "intime" à l'Elysée
Le nouvel hôte de l'Elysée a convié pour un rapide déjeuner d'anciens Premiers ministres socialistes ainsi que le deuxième personnage de l'Etat, le président du Sénat Jean-Pierre Bel.

14h10 : Hommage à Jules Ferry...
Devant une centaine de collégiens ainsi que des représentants de l'éducation nationale, d'anciens ministres comme Jack Lang et Jean-Pierre Chevènement mais aussi des enseignants et des chercheurs, le nouveau président salue la mémoire de Jules Ferry devant sa statue dressée dans le jardin des Tuileries. Celui qui a mis l'accent sur la jeunesse au cours de sa campagne évoque dans son discours la loi sur la scolarité obligatoire proposée par le ministre de l'Instruction publique de la IIIe République. En tant que président, François Hollande a confirmé sa promesse de campagne de créer 60.000 postes dans l'éducation nationale. "On ne peut pas enseigner correctement sans un encadrement suffisant pour nos enfants", déclare-t-il avant d'ajouter qu'il réformerait la formation professionnelle des enseignants.

"Sa défense de la colonisation fut une faute morale et politique", tient à souligner le président, en réponse à la polémique qui avait suivi l'annonce de cet hommage à Jules Ferry, fervent défenseur du colonialisme.

14h45 : ... Puis à Marie Curie
A l'Institut Pierre et Marie Curie, le nouveau Chef de l'Etat rend hommage à la première femme prix Nobel de physique. Sa venue signale aussi son soutien aux étudiants étrangers venus étudier en France et dont les perspectives d'embauches sur place avaient été mises en cause par une circulaire de l'ancien ministre de l'Intérieur, Claude Guéant.

Sous de nouvelles trombes d'eau le chef de l'Etat s'offre un nouveau bain de foule. François Hollande prends le temps de répondre aux questions des journalistes présents sur place. "Je sens le poids des responsabilités mais je les ai cherchées", confie-t-il. 

15h : Arrivée à l'Hôtel de Ville de Paris
Comme le veut la tradition républicaine, le présient à peine investi se rend à l'Hôtel de Ville de la capitale. Sont notamment présents pour l'accueillir, aux côtés du maire, Bertrand Delanoë : les socialistes Ségolène Royal, Martine Aubry, Jean-Paul Huchon, Manuel Valls, Daniel Vaillant, l'écologiste Cécile Duflot ainsi que l'écrivain et ancien résistant Stéphane Hessel.

Après un entretien dans le bureau du maire de Paris, François Hollande donne un nouveau discours. Bertrand Delanoë ne cache pas son émotion tout comme Michel Sapin, ancien camarade de l'ENA du nouveau président, pressenti pour occuper le ministère de l'Economie.


15h50: Le préfet Pierre-René Lemas nommé secrétaire général de l'Elysée

Dans un communiqué de l'Elysée, le nom du secrétaire général de l'Elysée est dévoilé. Pierre-René Lemas, un autre camarade de promotion de François Hollande à l'Ena succède à Xavier Musca.

Le nom des membres du cabinet du président est également publié. Aquilino Morelle, la "plume" de François Hollande pendant sa campagne, ainsi que de Lionel Jospin lorsqu'il était Premier ministre, devient conseiller politique. Emmanuel Macron énarque et inspecteur des finances ainsi que Nicolas Revel, l'ancien directeur de cabinet de Bertrand Delanoë assisteront Pierre-René Lemas en tant que secrétaires généraux adjoints. Une femme, Sylvie Hubac, elle aussi sortie de la promotion Voltaire à l'Ena, est nommée directrice de cabinet du président de la République. Cette ancienne conseillère de Michel Rocard lorsqu'il était Premier ministre entre 1988 et 1991 puis de Jack Lang lorsqu'il occupait le poste de ministre de la Culture présidait jusqu'à présent le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique. Alain Zabulon, préfet des Landes et ancien préfet de Corrèze, occupera la fonction de directeur de cabinet adjoint. Enfin, au poste de chef d'état-major particulier, le général de corps d'armée Benoît Puga est reconduit.

16h : "Rien ne sera facile"
"Un temps nouveau s'ouvre, comme à chaque élection présidentielle, rien ne sera facile, rien ne sera donné mais rien n'est inaccessible à la volonté", prévient le chef de l'Etat, depuis l'Hôtel de Ville de Paris. "'Un continent (...) commence à nous regarder et à espérer, c'est aussi le monde qui s'attache à nos premières décisions, nos premiers mots", ajoute-t-il dans un message à ses partenaires européens pressés de donner une réponse à une crise dans laquelle ils s'enfoncent depuis plusieurs mois.

16h48 : Jean-Marc Ayrault, Premier ministre
Sans surprise, le député-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, 62 ans, est officiellement nommé chef du gouvernement comme l'annonce un communiqué de la présidence. Cet ancien professeur d'Allemand dirigeait depuis quinze ans le groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

17h15 : Départ - mouvementé - pour Berlin
Avec plus d'une heure de retard sur le programme prévu, le nouveau président français s'envole pour Berlin. Petit couac : l'appareil touché par la foudre, est obligé de retourner se poser à Villacoublay. Le président repart peu après. Il est attendu en Allemagne par Angela Merkel pour évoquer la crise européenne. Le cas de la Grèce, contrainte d'organiser de nouvelles élections législatives en raison de l'échec de la formation d'un gouvernement sera sans doute évoqué.

19h47 : La poignée de main de "Merkollande"

Après un voyage mouvementé, le président atterrit à Berlin où il est accueillit par la chancelière Angela Merkel.