Et si la dette publique n'était que la partie émergée de l'iceberg ?

Par Fabien Piliu  |   |  374  mots
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Selon une étude de Jacques Bichot, professeur émérite à l'université Jean Moulin Lyon III, le montant de la « dette retraite » qui prend en compte les dépenses d'assurance-maladie et les pensions des retraités actuels et futurs, atteindrait 10.370 milliards. Soit 5,6 années de PIB. Un chiffre à comparer aux 1.717 milliards de la dette publique classique et aux 1.200 milliards du patrimoine financier des ménages.

Et si la dette publique n?était que la partie émergée de l?iceberg ? Telle est la question que se pose Jacques Bichot, professeur émérite à l?université Jean Moulin Lyon III. Selon ses calculs, le montant de la « dette retraite » dépasserait les 10.000 milliards d?euros si l?on additionne les dépenses d?assurance-maladie et les pensions des retraités actuels et futurs. Il grimperait précisément 10.370 milliards, soit 5,6 années de PIB.

Le patrimoine financier des ménages ne serait que de 1.200 milliards d'euros.

Ce chiffre est à comparer aux 1.717 milliards de la dette publique classique et au patrimoine financier des ménages dont le montant serait de 1.200 milliards, soit 43.000 euros par ménages. Un montant que l?économiste obtient en retranchant aux 4.000 milliards d?euros qui composent le patrimoine financier les 1.100 milliards de crédits contractés par les Français et les 1.700 milliards de la dette publique.

« D?après le Traité de Maastricht, chaque membre de l?Union européenne, pour adopter l?euro, doit maintenir sa dette publique en-dessous de 60% du PIB ; et une fois l?euro adopté, cette condition devrait ensuite rester vérifiée sans limite de durée. Mais la dette dont il s?agit est uniquement la dette publique classique », explique Jacques Bichot dans une étude publiée par la revue Sauvegarde Retraites. « La construction européenne a gravement manqué de sérieux. Ce manque de sérieux est encore aggravé du fait que cette clause du Traité ne prend pas en considération la dette publique totale mais seulement sa partie classique », poursuit l?économiste.

Un problème grave pour les générations futures

Le problème réside dans le fait que ces deux dettes pèsent sur les mêmes personnes qui devront un jour ou l?autre devoir les rembourser. En clair, les générations futures risquent de ne pouvoir assumer les multiples ardoises que leurs anciens leur auront laissées à charge.

« Il est donc urgent de réformer en profondeur à la fois les finances de l?Etat et celles de l?Etat Providence. Les dirigeants de l?Union européenne et de chacun des pays membres seraient avisés d?y songer », conclut Jacques Bichot.