Sciences Po : scandales sur fond de lutte pour le pouvoir

Par Romain Renier  |   |  542  mots
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Le Monde a publié un rapport remettant en cause la bonne gestion de Science Po sous l'ère Richard Descoing. Un nouveau pavé dans la mare alors que les luttes intestines pour sa succession ont déjà commencé.

De scandale en scandale, réels ou supposés, Sciences Po voit mises à jour plusieurs zone d'ombre sur sa gestion sous la direction de Richard Descoing, décédé en avril 2012 à New-York.

Les zones d'ombre dans la gestion constatée par la Cour des comptes

Dernier pavé dans la mare: la publication du rapport provisoire de la Cour des comptes sur la gestion de l'institution par le quotidien Le Monde. Rapport qui dévoile que Richard Descoing, alors directeur de Science Po, aurait dépensé 836.252 euros pour les 87 pages du rapport sur la «Mission Lycée» commandé par Nicolas Sarkozy et remis le 2 juin 2009 par le directeur de Science Po de l'époque. Sur le total de la somme, 250.000 euros auraient été dépensés pour payer la société Giacometti Peron (Pierre Giacometti, ancien d'Ipsos France, était alors conseiller de Nicolas Sarkozy) pour un «conseil en stratégie». Selon la Cour des comptes, «concernant ce contrat, la FNSP (Fondation nationale des sciences politiques, ndlr) n'a pas été en mesure au cours de l'instruction de produire des livrables permettant de comprendre la substance et la réalité de la prestation fournie».

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L'affaire Jean Picq: un premier scandale avant la mort de Richard Descoings

Ce n'est pas la première fois que Sciences Po se retrouve dans le viseur. En février dernier, le site Médiapart avait pointé du doigt le fait que Jean Picq, président jusqu'en novembre 2011 de la troisième chambre de la Cour des comptes qui est chargée de contrôler l'enseignement supérieur et la recherche, et donc Sciences Po, avait cumulé cette fonction avec un contrat de salarié au sein de la FNSP. Fondation de droit privé créée en 1945 pour assurer la gestion de l'IEP de Paris et avec lequel elle forme l'ensemble Science Po. C'est durant cette période qu'il aurait prévenu Richard Descoing, alors encore à la tête de l'institution, de l'imminence d'un audit de ses comptes.

Luttes intestines pour le pouvoir à la tête de l'institution

La publication de ce rapport a pour conséquence de relancer la lutte pour la succession à Richard Descoing, décédé en avril dernier. Tout en assurant avoir attendu la publication du fameux rapport "à la demande de la ministre de l'Enseignement supérieur" selon ses mots, Hervé Fradet, maître de conférence rue Saint Guillaume et membre du conseil d'administration de la FNSP, a déposé sa candidature à la tête de l'institution. En janvier dernier, il avait publié une tribune dans le journal Le Monde pour dénoncer les positions prises quelques jours plus tôt par Michel Pébereau, président de la FNSP et Jean-Claude Casanova, membre du conseil d'administration de la FNSP, tout en reconnaissant l'?uvre de Richard Descoing à la tête de l'institution. Façon de se positionner en digne successeur de l'ancien directeur. A cette époque, il s'était déjà porté candidat à la présidence du conseil de direction contre... Michel Pébereau, élu à ce poste depuis plus de vingt ans. Il avait alors recueilli 9 voix contre quinze pour Michel Pébereau. La lutte se poursuit.