Le retour à l'équilibre du déficit commercial prendra du temps

Par Fabien Piliu  |   |  612  mots
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Le déficit commercial de la France s'est élevé à 5,3 milliards en août, soit 1 milliard de plus qu'en juillet. Le gouvernement, qui espère équilibrer la balance commerciale hors énergie en 2017, compte notamment sur la future Banque publique d'investissement pour atteindre cet objectif.

Invitée ce mardi sur l'antenne de LCI, Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur a précisé que le déficit commercial avait atteint 5,3 milliards en août, rompant l'embargo des Douanes. La ministre aurait dû leur laisser le soin de diffuser la mauvaise nouvelle : le déficit s'est creusé de plus de 1 milliards entre juillet et août. Le mois précédent, celui-ci avait atteint 4,2 milliards.
Selon Nicole Bricq, cette augmentation s'explique par « un rebond des prix du pétrole » ainsi qu'un « rattrapage des achats, des importations, par rapport au volume de juillet », a-t-elle expliqué.

Les exportations augmentent toujours, mais moins fortement que les importations

Quelques minutes après, les Douanes ont été plus précises. Les exportations ont augmenté de 3,6% quand les importations ont bondi de 6,3% ! « Les exportations de matériels de transport atteignent un niveau record. Les ventes aéronautiques sont particulièrement élevées pour un mois d'août et celles de produits de l'industrie automobile rebondissent », détaillent les Douanes. Quant aux importations, elles "enregistrent un rebond marqué, dont l'ampleur tient à la fois à un phénomène de rattrapage, après le faible niveau de juillet, et à une forte augmentation de la facture énergétique. La poussée des achats hors énergie est particulièrement prononcée pour les véhicules automobiles, qui étaient en retrait les deux mois précédents, la pharmacie, la bijouterie et les jeux et jouets. Ces évolutions, qui interviennent dans le contexte d'activité réduite du mois d'août, sont à prendre avec précaution et restent à confirmer au mois de septembre", poursuivent-elles.

Mauvaise nouvelle, la France continue de céder des parts de marché sur son terrain de jeu favori, l'Europe, qui concentre les deux tiers de ses partenaire et concurrents commerciaux. Le déficit avec les pays de l'Union européenne atteint 2,9 milliards en août malgré une reprise des exportations. Seul motif de satisfaction, relatif : le déficit des douze derniers mois s'établit à 68,412 milliards d'euros, alors que celui de l'année 2011 atteignait 73,049 milliards. Autre mauvaise nouvelle, l'Insee a d'ores et déjà anticipé un recul de la demande adressée à la France au
second semestre, dans le sillage du ralentissement du commerce mondial. "En outre, les exportations seraient freinées par l?appréciation de l?euro depuis juillet", poursuit l'Insitut dans sa dernière note de conjoncture. Résultat, les exportations reculeraient de 0,3% au troisième trimestre avant de rebondir faiblement au quatrième trimestre (+0,2 %).

Le gouvernement a l'embarras du choix

Dans ce contexte, que peut faire le gouvernement ? Il compte beaucoup sur la future Banque publique d'investissement (BPI) qui sera présentée en Conseil des ministres le 17 octobre. Celle-ci devra notamment faire jouer les synergies entre les Régions et les autres membres de l'équipe de France de l'export dont la tête de proue reste Ubifrance.

Il compte aussi beaucoup sur le rapport de Louis Gallois, le commissaire général à l'investissement, qui dévoilera des pistes permettant de redresser la compétitivité prix et hors-prix des produits français. L'exécutif entend également réorienter la consommation des ménages français vers des produits fabriqués en France. Quant aux efforts de la puissance publique en faveur de l'innovation, (Grand emprunt, crédit impot recherche, pôles de compétitivité...), ils serviront également la cause du made in france sur les marchés étrangers. A quel horizon ? C'est là que le bât blesse. Si toutes ces solutions sont pertinentes, elles ne produiront leurs effets qu'à moyen long terme. Problème, le gouvernement s'est fixé pour objectif d'équilibrer la balance commerciale hors énergie à la fin du quinquennat.