L'AFIC rejoint le camp des indignés fiscaux

Par Fabien Piliu  |   |  512  mots
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Selon nos informations, l'Association française des investisseurs pour la croissance fait actuellement circuler une pétition auprès des entreprises qu'elle soutient, estimant que de lourdes menaces pèsent sur le capital-investissement.

Il n'y pas que les Pigeons et les organisations patronales qui réclament un geste de la part de Bercy. Selon nos informations, l'Association française des investisseurs pour la croissance (AFIC) fait circuler une pétition auprès des entreprises qu'elle soutient, pétition qu'elle entend ensuite faire publier dans la presse nationale. Elle sollicite leur soutien au capital-investissement, «au moment où cette profession fait l'objet d'une profonde incompréhension de l'opinion publique, où de lourdes menaces pèsent sur son financement, et voit ses perspectives encore aggravées par certains projets du gouvernement», précise le texte de cette pétition que La Tribune s'est procuré.

En clair, l'AFIC souhaite que le gouvernement renonce à son projet d'aligner fiscalité des revenus du capital sur celle des revenus du travail, revienne sur celui de taxer jusqu'à 60% les plus-values de cessions, ce point ayant été à l'origine de la révolte des «Pigeons», et de taxer le "carried interest" au taux marginal de 95%. Pour mémoire, ce dispositif est un mode de rémunération alternatif et complémentaires des dirigeants et managers de fonds, rémunération qui dépend de succès de l'investissement réalisé.

Pour des entreprises "plus solides"

Signé par Louis Godron, le président de l'AFIC, ce courrier précise: «entrepreneurs français dans les entreprises de toutes tailles, de toutes régions, de tous secteurs, nous avions chacun un projet de création, d'expansion ou de reprise d'entreprise. Les professionnels du capital-investissement ont cru en nous. Ils nous ont apporté les fonds nécessaires, sont devenus nos associés, et ont partagé nos risques dans la durée. Ils ne nous ont pas seulement apporté des fonds pour financer nos projets: nos avons aussi bénéficié de leur expérience d'experts en création et croissance d'entreprises. Ils nous ont soutenus, y compris dans les moments difficiles. Par leurs conseils, leurs idées, leur esprit de rigueur aussi, ils nous ont aidé à construire des entreprises plus solides, mieux armées pour la croissance et pour l'emploi, pour l'avenir».

"Ignorance"?

S'ensuit une véritable déclaration d'amour en faveur des investisseurs. «Nous pouvons témoigner que leur métier d'investisseurs engagés est bien loin de la finance spéculative. A l'heure où ce métier est en grave danger, asséché par une pénurie de financements à long terme, décrié par ignorance de son rôle réel pour la croissance, nous voulons, chacun d'entre nous, leur apporter notre soutien public».

Au premier semestre 2012, les capitaux levés par l'AFIC se sont élevés à 1,794 milliard d'euros, soit seulement 28% du montant total collecté sur l'ensemble de l'année 2011 (6,456 milliards). «Ce niveau très bas s'explique essentiellement par les effets de la crise financière actuelle, l'attentisme général en période électorale, ainsi que par un niveau de collecte ISF largement insuffisante. A ces éléments s'ajoutent les craintes sur la levée de l'impôt sur le revenu à venir», avait précisé l'AFIC le 3 octobre lors de la présentation de ces chiffres semestriels.