Les "Pigeons", histoire d'un vaudeville en trois actes

Le 28 septembre, le jour de la présentation en Conseil des ministres du Projet de loi des finances 2013, La Tribune publiait la missive d'un entrepreneur dénonçant l'alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail. Dans la foulée, les "Pigeons" naissaient sur Facebook, et sonnaient le début d'une bataille entre le gouvernement, l'opposition, les syndicats et les organisations patronales.
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ACTE I : LA NAISSANCE D'UN MOUVEMENT

Pendant la présidentielle, François Hollande a promis d'aligner la fiscalité du capital sur celle du travail. D'après des rumeurs de presse, son gouvernement compte transformer l'essai le 28 septembre, jour de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi de finances (PLF) pour 2013. Scandalisé par cette politique, Jean-David Chamboredon, patron du fonds des entrepreneurs Internet ISAI, nous adresse une tribune le même jour. A ses yeux, la mesure plomberait la croissance des PME :

==>Une loi de finances anti-start-up?

Sa tribune fait l'effet d'une bombe. Les entrepreneurs sont, semble-t-il, nombreux à partager son opinion. Le week-end qui suit, les "Pigeons", "mouvement de défense des entrepreneurs français", naissent sur la Toile. Une page Facebook est créée dans la nuit de vendredi à samedi (totalisant à ce jour 67.276 "j'aime"), couplée d'un manifeste. Celui-ci fustige en particulier un dispositif du PLF 2013, visant à taxer jusqu'à 60% les plus-values de cessions d'entreprises. Un compte Twitter voit également le jour : les #GEONPI font leur nid sur les réseaux sociaux, et appellent à manifester le dimanche 7 octobre à Paris.

Le 3 octobre, rebelote. Ils lancent un appel collectif dans nos colonnes. Dans cette missive, plusieurs "créateurs et patrons de PME", comme ils se définissent, donnent de la voix. "Nous ne nous considérons pas comme une caste de citoyens supérieurs, dont les revenus devraient bénéficier d'un traitement fiscal de faveur", tancent-ils :

==>Nous, entrepreneurs...

Comme le décrypte La Tribune dans son édito le même jour : une jonction est alors en train de se faire entre deux types d'entrepreneurs. A savoir "de riches et moins riches patrons" du net, et les "pauvres" auto-entrepreneurs:

==>De quoi les Pigeons sont-ils le nom?

ACTE II : BUZZ ET NEGOCIATIONS

Grâce au catalyseur des réseaux sociaux, les médias s'emparent de la fronde des "Pigeons". Certes, ils ne sont pas franchement organisés, ils ne comptent pas parmi les négociateurs habituels que sont le Medef ou les syndicats. Mais l'initiative fait de sérieux remous. Et pour cause, dans l'opinion, le débat bat son plein. "Pigeons" et "anti-pigeons" se volent copieusement dans les plumes.

Dans une autre tribune, Jean-David Chamboredon constate ainsi le succès du mouvement sur les réseaux sociaux :

==>Une loi de finances anti-start-up? : les "Pigeons" attaquent

Conséquence, le 3 octobre, des ministres et des parlementaires s'engagent à discuter avec des organisations représentatives des problèmes soulevés par les "Pigeons". Le collectif prend acte, et décide d'annuler sa manifestation du 7 octobre :

==>Les "Pigeons" ne manifesteront pas, Bercy planche sur des solutions

Au lendemain, le 4 octobre, Pierre Moscovici, le ministre de l' Economie et Fleur Pellerin, la ministre de l'Economie numérique, reçoivent des jeunes entrepreneurs :

==>Pigeons : Twitter a eu la peau des technos de Bercy

Et le même jour, le ministre de l'Economie assure que le gouvernement acceptait de "bouger" sur la taxe des plus-values de cession. Une semi-victoire pour les "Pigeons", qui demeurent pourtant méfiants :

==>Recul sur les plus-values : les Pigeons attendent de voir

==>Pigeons : le gouvernement recule pour éteindre le feu

Le gouvernement pensait peut être calmer le jeu en agissant de la sorte. Mais c'est tout le contraire qui va se produire. Pour les médias, les "Pigeons", aussi désorganisés soient-ils, ont réussi à parler au sommet de l'Etat. L'affaire s'internationalise, la presse étrangère couvre l'événement. Même le Wall Street Journal s'y colle. Pour le quotidien américain, le gouvernement français "s'est incliné sous la pression" :

==>"Pigeons" : l'Elysée roucoule, la presse anglo-saxonne se défoule

Fort de ce succès, les « Pigeons » s'organisent. Et trouvent en Jean-David Chamboredon leur porte-parole. Le lundi 8 octobre, il officialise sa nouvelle casquette dans nos colonnes :

==>Une loi de finance anti-start-up? Pour les Pigeons, la fin de partie n'est pas sifflée

ACTE III : L'IMPASSE

Désormais, les "Pigeons" comptent bien jouer les arbitres. Ils pressent le gouvernement. Dans le même temps, les organisations patronales, trop heureuses de profiter de la rampe de lancement offerte par les "Pigeons", montent au créneau. Mardi 9 octobre, dans un appel collectif adressé au gouvernement au terme d'une réunion secrète, les présidents de douze associations patronales, dont le Medef, demandent au président Hollande de renoncer à son projet de nouvelle taxation des plus values :

==>Taxation des Plus-values : le dîner des douze "Pigeons"

Les négociations n'aboutissent pas et traînent en longueur. Les acteurs se braquent, d'autant que Bercy n'a pas franchement goûté à la tentative de récupération du mouvement des "Pigeons" par Laurence Parisot, la présidente du Medef :

==>Que s'est-il passé mardi soir au dîner des Pigeons? Un tour de force du Medef

==>Quand le Medef et l'UMP voulaient avaler les "Pigeons"

Reste qu'en attendant, le succès des "Pigeons" fait des petits. Mercredi, les artisans de l'UPA décident de faire pression sur le gouvernement via une pétition, afin de le faire reculer sur l'augmentation des cotisations sociales des indépendants. Jeudi, les "Canaris", collectif de patrons nantais, ont également fait parler la poudre, manifestant leur hostilité à la taxation des cessions de jeunes entreprises. A l'heure du web social roi, d'autres escadrilles de "Pigeons" pourraient bien faire leur apparition dans le ciel de l'Hexagone. Et s'inviter, elles aussi, à la table des négociations.

Commentaires 32
à écrit le 16/10/2012 à 23:24
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les employé(es) et ouvriers qui payent des impots doivent s'inscrire avec et comme pigeons les plus riches pleurnichent de plus en plus

à écrit le 16/10/2012 à 8:02
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Pas de lutte des classes ! Cela montre encore leur grande connaissance de l'entreprise. Fleur vit clairement sur ne autre planète que nous !

à écrit le 15/10/2012 à 12:40
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Beaucoup de commentaires me font sourire. Pas d'augmentations des impots mais baisse des dépenses. Cela apparait simple mais qui est pret de voir diminuer ou disparaitre des prestations sociales, des subventions, des améliorations d'infrastructures. ...

le 15/10/2012 à 18:13
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Malheureusement le fout du travail en France est supérieur à celui de l'Allemagne. Et c'est bien le problème. Avant les 35 heures le coût du travail en France était de 10% inférieur à celui de l'Allemagne. Le politique doit avoir du courage et il fau...

le 16/10/2012 à 19:59
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Le cout du travail en france est très légèrement supérieur a celui de l'allemagne. Dans l'automobile, c'est meme sensiblement égal. Et le cout de la MO dans beaucoup d'industrie ne représente qu'une faible part de la valeur du produit. Quelques centa...

à écrit le 15/10/2012 à 8:38
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Je vous signale la caricature que j'ai produite sur ce thème de la taxation de l'économie réelle et des geonpi suite à la lecture de cet article. http://duboutduborddulac.blog.tdg.ch/archive/2012/10/14/m-hollande-ne-taxez-pas-les-oeuvres-d-art.html C...

à écrit le 14/10/2012 à 12:07
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ce sont toujours les mêmes fonctionnaires à Bercy qui sont à la maneuvre depuis des dizainnes d'années.A quo servent-ils ? A rien. Ce ne sont que des scribouillards qui au fil des jours "pondent des textes,qui parfois ne sont que des reprises, tombée...

à écrit le 14/10/2012 à 8:51
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Nous allons tous nous faire racketter par les socialistes,pigeons,dindons et alouettes attention à vos plumes...

à écrit le 13/10/2012 à 19:06
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Comment voulez-vous que des fonctionnaires, des enseignants, des intermittents du spectacle et des intellectuels de gauche, soit 90% de la population socialiste française, aient la moindre notion de ce qu'est une entreprise ? Mon conseiller régional ...

à écrit le 13/10/2012 à 18:45
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avant on avait de nuls au gouvernement .... maintenant ce sont des plus que nuls ! Urgent mettre en l'air toute cette nomenclatura de fonctionnaires droite et gauche !

à écrit le 13/10/2012 à 18:16
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cerise sur la gâteau ... les caisses de retraites sont dans le rouges foncé ... et ça ne semble émouvoir personne ... faut il attendre qu'il n'y ai plus de foin dans les râteliers pour que les ânes se battent ?...

le 14/10/2012 à 14:41
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ben non!suffit d'augmenter les cotisations retraites!meme un gosse aurait trouvé la solution!

le 14/10/2012 à 21:26
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Non il suffit de baisser tout bêtement les pensions versées....

le 15/10/2012 à 2:39
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Hausse des Ccotisation de retraite, baisse des pensions. Ce sont de solutions utilises par le gouvernemt. Je regrette le gouvernement Fillon . La hausse de l'age de depart a la retraite me semble plus juste.

le 15/10/2012 à 12:12
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Mais non, il ne faut ni augmenter les cotisations ni baisser les retraites mais simplement contrôler si les retraites sont versées à des gens encore en vie (voir scandale des retraites versées à des gens de plus de 100 ans en Algérie et autres pays o...

le 15/10/2012 à 12:26
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Un retraité de moins, c'est souvent un chomeur de plus. Ce n'est qu'un transfert de dépense d'une caisse sociale dans une autre. Sans compter qu'il n'est pas évident que la réforme des retraites du gouvernement précédent coute moins cher. Quid des ré...

à écrit le 13/10/2012 à 18:10
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Taxation des Plus-Values : le diner de "cons"... pas encore! un pigeon rebelle qui emmerde l'ump et le medef !

à écrit le 13/10/2012 à 16:02
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Des apprentis sorciers. Le mouvement des pigeons échappe à leurs créateurs réactionnaires pour devenir une prise de conscience de l'injustice considérable qui existe en France dans la distribution du crédit. (Voir article sur le capital-risque) Là en...

le 13/10/2012 à 18:12
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"leurs créateurs réactionnaires " ça me fait tousser !

à écrit le 13/10/2012 à 15:12
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Le gouvernement aprÚs la chasse aux sorciÚres des riches s adonne au tir au pigeons ! On a vraiment mis des incapables au pouvoir qui catalyse la rancœur de tous et surtout des forces vives de la nation!

à écrit le 13/10/2012 à 13:51
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dit moi pourquoi il y a un avenir en france ?? non il n t a plus avenir dans ce pays on va devenir un musé avec 5 millions de chomeurs personne ne voudra plus invertir dans ce pays pour pailler 65 % impots plus isf et autre

le 13/10/2012 à 21:09
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Il n'y a plus d'avenir pour le français et l'orthographe...

à écrit le 13/10/2012 à 11:37
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Aucun impôt n'est accepté mais il en faut. Le Budget est là pour équilibrer les comptes et ceux qui ont la chance d'avoir plus que les autres doivent partager.. sinon, effectivement ils ne sont pas des Français mais des rapaces qui doivent rejoindre ...

le 13/10/2012 à 12:02
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Vous avez raisons , ne demandons aucun effort au mille feuilles étatique , c est aux investisseurs patrons , petits patrons et mini entrepreneurs de payer pour cette gagebie de dépenses ... Pourquoi 40 000 fonctionnaires de plus ? 4 millions de plus ...

le 13/10/2012 à 13:36
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@Snowkitesurf Il n'y a pas que les entrepreneurs et professions liberales qui payent des impots, sinon le budget de la france serait derisoire. D'accord pour reduire la dette et la depense publique. D'accord pour mettre fin aux mille feuilles aux abu...

le 13/10/2012 à 13:39
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@Snowkitesurf : quelle finesse d'analyse !

le 14/10/2012 à 14:44
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@boss:merci enfin de souligner que nous n'avons eu de cesse de baisser la pression fiscale,gauche et droite pour une fois réunies!mais les français refusent de croire a l'évidence!

le 14/10/2012 à 16:29
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@elu ps Desole pour la bourde. J'aurai du preciser pour les classes sociales les plus aises.

à écrit le 13/10/2012 à 11:21
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Il n'y a rien à négocier. L'impôt non consenti est anticonstitutionnel. A l'évidence, ces nouveaux impôts ne sont pas consentis. Ceux qui devront les payer ne peuvent pas être plus clairs dans leur refus de contribution. On ne négocie pas la constitu...

le 13/10/2012 à 11:32
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On peut toujours rêver...

le 13/10/2012 à 12:16
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L impot n a pas a etre consenti pour etre constitutionnel. Seules certaines de ses caracteristiques peuvent le rendre tel. Confiscatoire, inegalitaire... etc. Sinon on ferait comment, un referendum ? Ou mieux, pas de consentement personnel, pas d imp...

le 13/10/2012 à 13:20
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Vous ne pouviez pas mieux l'exprimer. Sans consentement personnel, pas d'impôt pour financer ce qui excède les fonctions régaliennes (police, justice, armée). Comment faire apparaître le consentement ? C'est simple : encadrer les budgets publics nouv...

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