A quoi servira la BPI ?

Par Fabien Piliu  |   |  484  mots
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Les intentions de l'exécutif sont encore un peu floues. Il faudra attendre janvier et la fin de la mission de Nicolas Dufourcq, qui devrait en assurer la direction générale, pour en savoir plus.

Puisqu'il faudra attendre janvier pour connaître avec exactitude la gouvernance et les missions de la Banque publique d'investissement (BPI), il faudra se contenter des déclarations de Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, d'Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif et de Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur -les autres ministres Benoît Hamon (Economie solidaire), Sylvia Pinel (Commerce et artisanat) et Fleur Pellerin (PME et Innovation) n'ont pas été conviés au micro lors de la conférence de presse - pour décrypter les attentes du gouvernement.

L'épargne des Français sera fléchée

Premier point, on le sait désormais avec certitude, la BPI disposera d'une puissance de feu de 42 milliards, ce qui donne une capacité de 20 milliards d'euros en prêts, 12 milliards d'euros de capacité en garanties, 10 milliards d'euros de capacité d'investissement en fonds propres sur le quinquennat", a détaillé Pierre Moscovici. La banque, qui pourra se refinancer sur les marchés, bénéficiera des liquidités que les français auront eu la possibilité de transférer grâce au doublement du plafond du Livret de Développement Durable et l'augmentation de celui du Livret A.

Un rôle «offensif», pas «défensif»

Deuxième point, la BPI n'aura pas vocation à sauver des entreprises en faillite. «La banque sera offensive. Elle doit seulement permettre à l'économie française de se redresser. Elle est tournée vers l'avenir, pas vers le passé», a précisé le ministre de l'Economie. Arnaud Montebourg a néanmoins tenu à préciser que la BPI ne s'interdisait pas d'entrer minoritairement dans le capital d'entreprises en difficultés mais qui ont encore un avenir. Bref, ce n'est pas encore très clair.

La doctrine reste à établir

Troisième point, la «doctrine», selon le terme choisi par Arnaud Montebourg, de la BPI sera de favoriser la construction de «filières» industrielles solides, pérennes et compétitives au sein desquelles les entreprises, toutes tailles confondues, travailleraient main dans la main avec la bienveillance de la puissance publique. «Alors que l'on vante le Mittlestand allemand et les nombreux écosystèmes financiers, technologiques, et de formation qui le composent, la France continue de penser 'filière', comme il y a trente ans, comme s'il n'y avait pas de passerelle évidente entre les secteurs», constate un économiste.

Plus efficace que les banques

Enfin, "la BPI devra jouer le rôle que les banques ne jouent plus", a expliqué Arnaud Montebourg. "Certes, elles ne prendront pas de risques inconsidérés en financant tous les projets qu'on lui présentera, mais elle devra se comporter comme un investisseur patient, de long terme, moins axé sur la rentabilité des projets que les banques classiques", a poursuivi Pierre Moscovici. A quel prix ? "Il est évident que le coût de financement sera au moins égal à celui du marché", a-t-il ajouté, sans apporter plus de précision.