Hollande n'assume aucun tournant mais une "révolution copernicienne"

Par Ivan Best  |   |  423  mots
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Le chef de l'Etat nie l'existence d'un tournant dans sa politique économique. Il n'en défend pas moins l'idée d'une "révolution copernicienne" à gauche: celle-ci doit ajouter à la traditionnelle politique de la demande une politique de l'offre

Une inflexion dans la politique économique, certes comme il l'a admis la semaine dernière, à propos de la hausse de la TVA. Mais pas plus. A l'occasion de sa première conférence presse, à l'Elysée, François Hollande n'a pas voulu assumer le changement de pied, par rapport à son programme, que représente le pacte de compétitivité, annoncé le 6 novembre. « Je ne reconnais pas prendre je ne sais quel tournant, je ne reconnais pas prendre je ne sais quel virage » a souligné le chef de l'Etat. A l'entendre, le crédit d'impôt découlait donc du débat sur la compétitivité qui avait été lancé avant l'élection présidentielle. Un crédit dont le président de la République revendique la paternité, qu'il juge « rapide, efficace, supérieur à toute autre formule ». Aux parlementaires de gauche qui s'inquiètent d'un tel cadeau, il répond : « ce n'est pas un cadeau, c'est un levier qui offre au système productif un moyen de traverser la crise ». S'agissant des contreparties réclamées à gauche, il n'en est pas vraiment question : il faut faire « simple » souligne le chef de l'Etat. Donc, « les salariés seront associés aux conseils d'administration des grands groupes », et on procèdera à une « évaluation du dispositif par les partenaires sociaux ». Rien de bien contraignant, donc.

"Faire la révolution copernicienne"

Un tel allègement de charges accordé sans contreparties, voilà qui est nouveau à gauche. Révolutionnaire? Pierre Moscovici avait utilisé l'expression « révolution copernicienne » pour la pensée socialiste . François Hollande la reprend à son compte. Il « fallait faire cette révolution » dit-il.« Je connais bien la pensée socialiste, je l'ai étudiée pendant des années avec lucidité et en même temps espoir! », s'est-il d'abord amusé. « Il y a toujours eu deux conceptions, une conception productive - on a même pu parler du socialisme de l'offre - et une conception plus traditionnelle où on parlait de socialisme de la demande » a déclaré François Hollande. « Aujourd'hui, nous avons à faire un effort pour que notre offre soit consolidée, plus compétitive et je l'assume! et en même temps, nous devons préserver la demande et faire la mutation, c'est-à-dire comprendre que le monde est en train de changer, que la transition vers une nouvelle façon de produire, de consommer, de nous transporter est en marche -. Et c'est là que nous devons nous enrichir d'apports qui sont ceux de tout notre environnement. Nous devons faire cette révolution ».