Les agriculteurs devraient finalement être exonérés de la taxe foncière

Par latribune.fr  |   |  547  mots
Selon le gouvernement, "en ne renchérissant pas le coût de la détention des terrains à usage agricole situés en zone constructible, cette mesure permet de préserver l'agriculture de proximité et par conséquent l'existence de circuits courts pérennes". (Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
Un amendement au projet de loi de finances a été déposé ce jeudi à l'Assemblée. Selon le gouvernement, avec celui-ci, la majoration de 25% touchant la taxe foncière sur les terrains non bâtis dans les zones tendues "n'est pas applicable aux terrains appartenant ou donnés à bail" à un agriculteur.

Le gouvernement veut exonérer les agriculteurs de la majoration de la taxe foncière sur les propriétés non bâties. Un amendement au projet de loi de finances a été déposé ce jeudi à l'Assemblée.

Selon ce dernier, la majoration de 25% touchant la taxe foncière sur les terrains non bâtis dans les zones tendues "n'est pas applicable aux terrains appartenant ou donnés à bail" à un agriculteur. L'exposé des motifs précise que les terres en jachère sont aussi exclues de la majoration.

Pour le gouvernment, "cette mesure permet de préserver l'agriculture de proximité et par conséquent l'existence de circuits courts pérennes"

"En ne renchérissant pas le coût de la détention des terrains à usage agricole situés en zone constructible, cette mesure permet de préserver l'agriculture de proximité et par conséquent l'existence de circuits courts pérennes", explique le gouvernement.

Le même amendement prévoit de reporter d'un an, au 1er janvier 2015, la majoration pour les autres terrains en zones tendues, principe en faveur duquel s'était prononcée la commission des Finances de l'Assemblée il y a une semaine. La valeur locative cadastrale des terrains constructibles non agricoles, qui sert d'assiette à la taxe sur les terrains non bâtis, serait ainsi majorée de 25% et de 5 euros par mètre carré pour les impositions dues au titre des années 2015 et 2016, puis à 10 euros par mètre carré à partir de 2017.

De nombreux agriculteurs "restent très inquiets"

"Une mission d'études d'impact de la loi va être réalisée", a également précisé à l'AFP après la rencontre Christophe Pellegrin, responsable des questions foncières au sein du syndicat des Jeunes agriculteurs dans les Alpes-Maritimes, en s'étonnant qu'une telle étude d'impact intervienne aussi tardivement.

Les propriétaires fonciers non agriculteurs, ou tout simplement des agriculteurs à la retraite avec des parcelles de subsistance, "restent très inquiets", a souligné Christophe Pellegrin. "Devront-ils à l'avenir louer leurs terrains à des agriculteurs pour échapper à la majoration?", s'interroge-t-il. La majoration de la taxe foncière concerne 28 départements et 1.151 communes souvent péri-urbaines en France, où sont visibles des tensions immobilières entre offre et demande, explique Christophe Pellegrin.

Le ministre de l'Agriculture est "contre cette sur-fiscalisation"

A Nice, entre 800 et 1.000 agriculteurs des Alpes-Maritimes et du Var, certains portant des bonnets rouges, ont défilé jeudi matin à pied ou sur des tracteurs jusqu'à la préfecture en perturbant fortement la circulation. Une délégation de représentants a été reçue par le préfet et la conseillère en agriculture de François Hollande, qui leur a fait cette annonce d'un amendement.

Ce mouvement de protestation, une première sur ce sujet en France, coïncidait avec l'arrivée à l'aéroport de Nice du président Hollande, pour une visite officielle dans la principauté de Monaco.

Les députés de l'opposition ont aussi relayé dans la nuit de mercredi à jeudi à l'Assemblée les préoccupations des agriculteurs vivant une "crise", lors de l'examen des crédits pour leur secteur. A cette occasion, le ministre de l'Agriculture a redit son opposition à la majoration de la taxe sur le foncier non bâti pour les terrains agricoles. "Je suis contre cette sur-fiscalisation", a-t-il commenté.