La dérive des factures des soins dentaires épinglée dans une étude de l'INC

Par latribune.fr  |   |  596  mots
Selon l'Institut national de la consommation (INC), les soins dentaires recouvrent des "pratiques tarifaires excessives" voire des "dérives inacceptables". Dans certains cas, il existerait des solutions moins onéreuses mais peu pratiquées par les dentistes.

80% des dépenses pour le traitement des anomalies de position des dents constituent des dépassements d'honoraires. Un traitement d'orthodontie a été facturé en moyenne 650 euros par trimestre l'an dernier, avec de fortes variations géographiques: près de 1.000 euros en moyenne à Paris contre 400 en Ariège. Or la Sécurité sociale rembourse seulement 193,50 euros par semestre, à condition que le traitement débute avant l'âge de 16 ans. L'orthodontie, et les soins dentaires en général, coûtent souvent très cher au patient.

Un constat que chacun a déjà pu faire mais qui est aujourd'hui souligné par l'Institut national de la consommation. Dans l'édition n°488 de sa revue 60 millions de consommateurs publiée ce 25 novembre, l'Institut dénonce des "pratiques tarifaires excessives" voire des "dérives inacceptables".

Les prothèses ont représenté 4 milliards d'euros de reste à charge en 2012

Pour mener cette étude, ses auteurs se sont basé sur des données enregistrées par la Sécurité sociale par l'Observatoire citoyen des restes à charge en santé, créé début 2013 par 60 millions de consommateurs, le CISS (collectif de patients) et Santéclair, filiale de plusieurs complémentaires santé.

Si les soins courants (carie, dévitalisation, détartrage, etc.), dont les tarifs sont encadrés par l'assurance maladie, font peu l'objet de dépassements, les prothèses sont directement pointés du doigt. Couronnes, bridge, inlay ou reconstitutions sont les soins les plus mis en cause par l'étude. Il faut dire qu'en 2012, ils ont représenté 5 milliards d'euros de dépenses, dont un milliard seulement est remboursé par l'assurance-maladie. La somme qui reste à la charge du patient après remboursement par la Sécu s'élève à plus de 290 euros en moyenne par acte de prothèse, avec des variations en fonction des départements: elle ne descend "quasiment jamais" en dessous de 200 euros et grimpe jusqu'à plus de 400 euros à Paris.

Ce reste à charge peut être remboursé par les complémentaires mais "il est très difficile d'avoir une estimation précise de leur niveau de prise en charge global", souligne l'Observatoire. Pour la pose d'un implant, peu prise en charge par l'assurance maladie, le coût moyen est supérieur à 2.000 euros. Toujours selon l'étude, les sommes demandées pour une couronne céramo-métallique dépassent les 600 euros, alors que la prise en charge de l'assurance maladie n'est que de 75,25 euros, soit 70% de la base de remboursement.

Des solutions moins onéreuses mais pourtant peu proposées

60 millions de consommateurs dénonce par ailleurs une "dérive préoccupante": dans certains cas des solutions moins onéreuses existent mais s'avèrent peu pratiquées par les dentistes. C'est le cas des inlay-core, cette pièce en métal réalisée par le prothésiste, nécessaire lorsque la dent est dévitalisée et fortement délabrée, permettant la réalisation d'une couronne.

Pour ce dispositif, élaboré par des prothésistes dentaires, le praticien fixe librement ses honoraires, qui varient entre 150 et 300 euros (la Sécu rembourse 70% de 122,55 euros). Pourtant une autre solution, la reconstitution "au fauteuil", présente l'avantage d'être moins chère car elle est fabriquée par le dentiste lui-même à un prix fixé par la Sécurité sociale: 79,53 euros, soit un reste à charge de 24 euros pour l'usager.

Syndicats et assurance maladie reconnaissent que les deux techniques se valent en termes de qualité des soins, mais les reconstitutions à tarifs libres se développent: "la situation a même empiré et on assiste à une réelle généralisation des inlay-core", souligne 60 millions de consommateurs.