Anne Lauvergeon, au cœur d'une nouvelle tempête judiciaire

Par latribune.fr  |   |  455  mots
Anne Lauvergeon a dirigé Areva de 2001 à 2011.
La gestion d'Areva est mise en cause par la Cour des comptes et fait l'objet d'une enquête préliminaire par la Brigade financière. En cause: l'achat potentiellement suspect d'UraMin, une société canadienne possédant des gisements d'uranium en Afrique. Anne Lauvergeon, qui dirigeait alors l'entreprise, affirme avoir agi dans la légalité.

UraMin a-t-il été acheté trop cher? L'acquisition de cette société canadienne possédant des mines d'uranium en Afrique pour 1,8 milliard d'euros en 2007 fait, selon Le Monde, l'objet de deux enquêtes. L'une d'elles serait menée par la Cour des comptes, pour une période allant de 2006- à 2012. L'autre aurait été lancée par la brigade financière après que les Sages de la rue Cambon lui ont fait part de leurs doutes à propos de cette acquisition. Elle porterait sur la période 2007-2011. 

En cause, d'après le quotidien: des doutes émis par des experts sur la valeur réelle des sites d'UraMin en Namibie qui auraient été cachés à l'Etat, un actionnaire d'Areva. L'enquête viserait des faits de "présentation ou publication de comptes inexacts ou infidèles", "diffusion d'informations fausses ou trompeuses", "faux et usage de faux". 

Un effet de Fukushima?

L'ex-dirigeante a répondu officiellement dans un communiqué et déclare avoir apporté ces mêmes éléments de réponse lors d'une audition à la Cour des comptes la semaine dernière. Elle y met en avant la croissance de "30%" du chiffre d'affaires d'Areva entre 2001 et 2011 et les "3 milliards d'euros de dividendes" reversés à l'Etat actionnaire. 

Sur le fonds de l'affaire, elle répond:

"Concernant l'acquisition d'Uramin en 2007, considérée comme stratégique à l'époque, elle a été soumise et validée par toutes les instances de décision du groupe, et les règles de Gouvernance"

Anne Lauvergeon met enfin en avant les "conséquences sur le prix de l'uranium de l'accident de Fukushima intervenu le 11 mars 2011", comme justification de la dépréciation de la société minière intervenue à la fin de l'année 2011. 

"Atomic" Anne

L'avocat d'Anne Lauvergeon, qui a dirigé le groupe entre 2001 et 2011 a, de son côté, affirmé que cette opération avait en fait été menée par le successeur de la femme d'affaires, Luc Oursel, ainsi que l'ancien directeur des activités minières de l'entreprise Sébastien de Montessus. "Lors de son passage chez Areva Anne Lauvergeon ne s'est jamais occupée des mines, mais uniquement de l'atome: ce n'est pas pour rien qu'on l'a surnommée "Atomic Anne", a-t-il affirmé selon des propos rapportés par Le Monde

Enquête pour espionnage

L'entourage de l'ancienne dirigeante aujourd'hui administratrice de plusieurs entreprises dont Rio Tinto, est par ailleurs impliquée dans une affaire d'espionnage, liée elle aussi à l'affaire UraMin. Une entreprise suisse d'intelligence économique Arp Services, en particulier son dirigeant Mario Brero sont soupçonnés d'avoir espionné l'époux d'Anne Lauvergeon, Olivier Fric ainsi que de la fille d'un ancien cadre d'Areva afin d'obtenir des informations sur le rachat d'UraMin. 

(Article créé le 10/04/2014 à  13:14, mis à jour à 16:25)