L'économie partagée peut aussi faire du mal à l'environnement

Par latribune.fr  |   |  426  mots
Parmi les dérives soulignées par l'étude Iddri dans l'économie collaborative, l'augmentation de reventes et d'achats de téléphones portables quand de nouveaux produits sont mis sur le marché par les producteurs. (Photo: Reuters)
L'hyperconsommation et les produits non durables sont autant de risques pour l'environnement découlant de l'économie du partage. Une étude de Institut de recherche sur les politiques publiques les évoque.

Encore une idée reçue mise à mal. Dans une étude réalisée pour l'Institut de recherche sur les politiques publiques (Iddri), Damien Demailly et Anne-Sophie Bonel expliquent que l'économie partagée peut parfois être néfaste pour l'environnement. Explications.

  • L'hyperconsommation induite par les pratiques du business

Selon l'étude, la transition écologique n'est "pas nécessairement l'objectif" des business basés sur le sytème de réemploi des produits. Les modèles d'affaire B2C (Business to consumer) "peuvent avoir un impact environnemental contraire si la rentabilité économique ou la stratégie d'entreprise le rendent nécessaire". L'étude cite l'exemple de Vodafone :

"Le programme de location longue durée de téléphone de Vodafone est couplé à une
offre proposant de changer de téléphone tous les ans, soit deux fois plus rapidement que le rythme moyen actuel".

Et d'évoquer également les reventes de téléphones ou de tablettes d'occasion encouragées par la plateforme. Résultat, ces dernières "augmentent quand de nouveaux produits sont mis sur le marché par les producteurs". Cela mène certains consommateurs à des dérives telles que des "pratiques de revente d'appareils en fonctionnement afin d'acheter les plus récents", selon l'étude.

  •  Plus de pouvoir d'achat, c'est le risque de consommer plus

C'est ce que Damien Demailly et Anne-Sophie Bonel appellent l'effet rebond. "Le gain de pouvoir d'achat supposé du partage est utilisé pour consommer des unités supplémentaires du bien partagé ." Et d'arguer :

"Le pouvoir d'achat ne va pas dans la hausse de la consommation du bien partagé mais dans d'autres types de biens et services avec des impacts environnementaux plus ou moins importants. Pour caricaturer, le covoitureur qui économise de l'argent peut le dépenser dans des produits bio ou dans un voyage aux Seychelles."

  •  L'économie partagée oui, mais avec des biens durables

La qualité des biens circulant dans l'économie du partage est "une condition clé de la durabilité environnementale des modèles de partage", explique l'étude. Et de stipuler: "Les modèles de partage doivent valoriser les biens les plus durables sur le marché", c'est-à-dire avec la plus longue durée de vie. Outre leur défiance envers l'obsolescence programmée, "leur recyclabilité et recyclage effectif"  sont également primordiaux.

Critiques, Damien Demailly et Anne-Sophie Bonel n'oublient pas de mentionner les effets positifs d'une économie partagée bien maîtrisée:

"S'il permet de diminuer le nombre de biens produits, alors le partage peut contribuer à réduire le transport de marchandises notamment pour les produits importés."