Après Montebourg, quelle majorité ?

Par Ivan Best  |   |  537  mots
Après le départ de Montebourg, la question posée est celle de la future majorité sur laquelle pourra s'appuyer le gouvernement

 Après la démission du gouvernement réclamée par Manuel Valls, remplacer les ministres « démissionnés » ne sera pas le plus compliqué. En dépit de toute la mousse qu'a pu faire Arnaud Montebourg autour de son action de « redressement productif », son poste ministériel n'est pas des plus cruciaux : la politique économique de la France se décide à l'Elysée et à Bruxelles, et c'est le ministre des Finances Michel Sapin qui était chargé et le restera très probablement, des négociations avec les autres gouvernements européens.

Entre députés sages et frondeurs

Non, la véritable question est celle de la majorité dont le futur gouvernement aura évidement besoin. Comment gouverner avec un PS tiraillé entre les députés « sages », acceptant bon gré mal gré la ligne socio-libérale de l'exécutif et les « frondeurs », qui vont recevoir un soutien d'Arnaud Montebourg ? En refusant de voter certains textes, comme ils l'ont déjà fait, ces frondeurs peuvent mettre le gouvernement en grande difficulté. Vont-ils passer d'une abstention - déjà dangereuse pour l'éxécutif - à un vote contre certains projets, qui mettrait à bas le gouvernement ? Les Frondeurs ont donc aujourd'hui la clé.

Changer de majorité?

Manuel Valls peut il, pour échapper à cette contrainte de la Fronde version 2014, changer de majorité ? Faire alliance avec les centristes ? Encore faut-il que ceux-ci aient envie de monter sur ce bateau ivre qu'est l'actuel gouvernement. Pourquoi contribuer à sauver un capitaine Hollande désemparé dans la tempête ?

François Mitterrand, de 1988 à 1991, avait réussi à débaucher plusieurs députés centristes pour les faire entrer au gouvernement, et son premier ministre Michel Rocard trouvait habilement des députés centristes, au cas par cas, pour faire l'appoint lors du vote de ses projets de loi.

Mais ce tandem particulier -on se souvient de la défiance de Mitterrand à l'égard de Rocard, qu'il avait nommé uniquement en raison de sa popularité dans les sondages- n'était pas aussi affaibli que l'actuel duo Valls-Hollande.

Une dissolution... comme menace

Pour retrouver une majorité, François Hollande peut-il décider de dissoudre l'Assemblée nationale. Ce serait quasiment suicidaire, pour l'actuelle majorité. Seuls une cinquantaine de députés subsisteraient, et Hollande n'aurait d'autre solution que d'appeler la droite à gouverner. La dissolution constitue donc avant tout une menace aujourd'hui, à l'égard des députés récalcitrants.

Les armes des gouvernements sous la cinquième

La question de la future majorité est donc entière. Faut-il, pour autant, la surestimer ? Nous ne sommes plus sous la quatrième république. Les gouvernements ne se renversent pas aussi facilement, à la faveur d'un vote au petit matin. Confronté à l'opposition de Jacques Chirac, de 1976 à 1981, Valéry Giscard d'Estaing a pu faire passer au parlement de nombreux projets de loi, grâce aux armes nombreuses qu'offre la constitution aux gouvernements de la cinquième république. Alors même que Chirac était à la tête du principal parti -le RPR- de sa majorité initiale. Arnaud Montebourg, lui, n'est même pas député; il ne disposera par de la tribune qu'offre l'Assemblée nationale: il n'est plus que conseiller général, aujourd'hui, dès lors qu'il a quitté Bercy...