Ferme des 1.000 vaches : ouverture sous tension du procès de la Confédération paysanne

Par latribune.fr  |   |  426  mots
La ferme, qui a commencé son exploitation à la mi-septembre, pourra accueillir jusqu'à 1.000 vaches laitières dans ses stabulations.
Le palais de justice d'Amiens accueille à partir de mardi le procès en correctionnel de neuf militants de la Confédération paysanne, jugés pour "dégradations" contre la ferme, considéré comme un symbole de l'agriculture industrielle.

Des bus venus de toute la France. Près de 4.000 manifestants sont attendus aujourd'hui en soutien des prévenus du syndicat paysan. Accusés d'avoir commis des dégradations sur le chantier de la ferme située à Drucat (Somme) en septembre 2013 et mai 2014, les militants entendent faire de ce procès celui de "l'industrialisation de l'agriculture". Celle-ci a commencé son exploitation à la mi-septembre, avec une autorisation limitée pour l'instant à 500 laitières, malgré les dégâts "dépassant les 100.000 euros" selon le propriétaire des lieux.

"Leur crime? Avoir réalisé un tag géant et avoir démonté quelques engins de chantier et une salle de traite. (...) Ce qui les conduit aujourd'hui devant les juges, c'est (...) d'avoir choisi l'action plutôt que de se résigner à disparaître", accuse la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, dans une déclaration de soutien à ses neuf membres, dont son porte-parole national, Laurent Pinatel.

Une politisation du conflit

Parmi les signataires se trouvent de nombreux syndicalistes et élus EELV ou PCF, mais aussi Olivier Besancenot (NPA), Jean-Luc Mélenchon, les anciennes ministres de l'Environnement Corinne Lepage et Dominique Voynet.

Certaines de ces personnalités ont prévu de venir sur place mardi. José Bové, député européen et ancien leader de la Confédération paysanne, également signataire doit rejoindre les manifestants, ainsi que, dans les rangs d'EELV, la députée de la Somme Barbara Pompili, qui doit par ailleurs témoigner au procès, la secrétaire nationale Emmanuelle Cosse et la députée européenne Karima Delli, ou encore Clémentine Autain, du Front de Gauche.

Impact environnemental

La ferme de Drucat cristallise l'opposition entre les défenseurs d'une agriculture paysanne et les promoteurs d'un modèle intensif. Le "saccage" des bâtiments dénoncé par le propriétaire Michel Ramery représentait pour les opposants une "opération symbolique" pour alerter le grand public :

"Cette ferme usine représente une menace pour l'avenir des 70.000 exploitations laitières françaises qui à terme ne pourraient plus être que 2.500 en France soit des dizaines de milliers de chômeurs en plus", déplore Laurent Pinatel porte-parole national de la Confédération paysanne cité par Le Figaro.

Les associations comme Novissen s'inquiètent quant à elles de l'impact environnemental des résidus d'azote des animaux sur les nappes phréatiques et des risques d'épizootie liés à la concentration des bovins. D'autres, comme le 2e syndicat agricole Coordination rurale pointent le bien être animale, mis à mal par l'enfermement des animaux 365 jours par an.