Le Conseil général du Tarn suspend le chantier du barrage de Sivens

Par latribune.fr (avec Reuters)  |   |  461  mots
Associations et élus écologistes s'opposent à la destruction de 13 hectares de zone humide et dénoncent le coût du futur barrage, évalué à 8,4 millions d'euros.
La réunion des élus du département a débouché sur un arrêt provisoire des travaux, renvoyant la balle à l'État. L'incertitude règne sur l'avenir de ce chantier déjà entamé, et estimé à 8,4 millions d'euros.

Un nouveau pas vers l'abandon pur et simple du projet ? La question est en fait loin d'être tranchée. Le Président socialiste du Conseil général du Tarn, Thierry Carcenac, a suspendu vendredi 31 octobre le chantier du Barrage de Sivens sans fixer de date butoir :

"Le drame intervenu dans la nuit de samedi à dimanche [au cours de laquelle le jeune manifestant Rémi Fraisse a été tué vraisemblablement par l'explosion d'une grenade de la police, NDLR] conduit l'assemblée départementale à prendre acte de l'impossibilité de poursuivre toute activité liée au déroulement du chantier sur le site de Sivens" indique -t-il.

Mais son vice-président Michel Albarède a rapidement complété dans la matinée qu'"il n'y a pas de suspension définitive, le projet existe, se fera il faut simplement prendre un peu de temps, que les gens s'apaisent"

La décision est en fait renvoyée à la réunion de crise organisée le mardi 4 novembre prochain au ministère de l'Environnement.

"Nouveau passage en force"?

La ministre de l'Écologie Ségolène Royal a ainsi annoncé qu'elle réunirait mardi 4 novembre les parties prenantes au dossier et à la soixantaine de projets de retenues d'eau du bassin Adour-Garonne, mais la décision appartient aux collectivités locales.

L'annonce du Conseil général, qui appelle les opposants à se mettre autour de la table, n'a pas apaisé les relations avec ces derniers qui redoutent un "nouveau passage en force".

"Nous craignons que nous ne soyons pas plus écoutés qu'avant, que le conseil général cherche à lancer un nouveau projet un projet édulcoré qui serait un nouveau passage en force puisque nous ne voulons pas un barrage", a dit Ben Lefetey, porte-parole du collectif sauvegarde zone humide du Testet.

8,4 millions d'euros

Le rapport d'expertise commandé par Ségolène Royal publié lundi 27 octobre juge le projet surdimensionné mais estime peu réaliste d'arrêter le chantier. Les experts contestent notamment la répartition des volumes de la future retenue.

Associations et élus écologistes s'opposent quant à eux à la destruction de 13 hectares de zone humide et dénoncent le coût du futur barrage, évalué à 8,4 millions d'euros. Un projet entièrement financé sur des fonds publics, de France et d'Europe: 4,2 millions d'euros pour l'Agence de l'Eau Adour-Garonne, 1 million d'euros chacun pour les Conseils généraux du Tarn et du Tarn-et-Garonne et enfin 2 millions via le fonds européen FEADER, une branche de la Politique agricole commune.

Par ailleurs, des mesures compensatoires pour l'environnement sont prévues à hauteur de 200.000 euros par an, a indiqué le président du conseil général du Tarn dans un courrier adressé au collectif du Testet en septembre 2013, expliquait en août le quotidien La Depêche.