Les projets urbains parisiens gangrénés par une guéguerre politicienne

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  528  mots
L'aménagement de la porte de Charenton fait partie de ces projets majeurs dont on ne discute pas.
Jamais autant de projets urbains d’envergure n’ont suscité aussi peu de débats de fond à Paris. Anne Hidalgo en présente une impressionnante série au prochain conseil de Paris, mais l’opposition ne s’occupe que de museler ses éventuels dissidents pour la mettre en minorité sur la tour Triangle.

« Je ne sais plus. Vraiment. Il y a un mois, on pouvait savoir qui, à l'UMP ou l'UDI, dans un vote à bulletin secret, soutiendrait Anne Hidalgo. Aujourd'hui, Nathalie Kosciusko-Morizet est tellement dans une stratégie politicienne déconnectée de la réalité économique, que je ne sais plus rien. »  C'est l'un des meilleurs connaisseurs de la tour Triangle, un chef d'entreprise élu, qui parle ainsi.

Lundi matin, Anne Hidalgo présentera au conseil de Paris le projet de déclassement du terrain de la porte de Versailles qui permettra de construire cette tour, dont le permis de construire est déjà déposé, et que tous les groupes politiques parisiens (sauf les Verts) soutiennent depuis le début, mais dont NKM a décidé, pendant sa campagne, qu'elle ne se ferait jamais. Une tour essentiellement de bureaux, 500 millions d'investissement d'Unibail, jointe au Parc des Expositions de la porte de Versailles, que Viparis est en train de rénover totalement pour 500 autres millions.

Sur le premier projet : Jacques Herzog et Pierre de Meuron. Sur l'autre : Dominique Perrault, Christian de Portzamparc et Jean Nouvel. Architecturalement. Mais comme le dit Jean Louis Missika, l'adjoint d'Anne Hidalgo en charge de l'urbanisme, « Paris est la seule ville au monde où l'on se pose ce type de question : doit-on ou non faire un projet à l'intérêt économique évident ? Un projet qui génére 5.000 emplois pour sa construction et en crée 5.000 pour son exploitation ? Un projet d'une qualité environnementale quasi parfaite ? Il y a un microclimat politicien à Paris, alors que la seule question que l'on devrait se poser, c'est de savoir si c'est un bon projet pour Paris ou non ! »

UDI, UMP et PC ont des positions à géométrie variable

Il est vrai que la teneur des discussions politiques de couloir n'est pas forcément à la hauteur des projets urbains que veut faire passer Anne Hidalgo la semaine prochaine. Entre des communistes, dont on ne sait pas encore ce qu'ils vont faire et dont le président de groupe tombe subitement malade lorsqu'on lui demande sa position sur la tour Triangle, et des UMP qui passent plus de temps à faire la chasse aux dissidents potentiels qu'à élaborer des raisons sérieuses de refuser aujourd'hui ce qu'ils ont voté hier, des centristes qui se plaignent des pressions des lobbies de la promotion immobilière ou du monde économique pour les faire changer (une fois de plus !) de position, il n'y a que les Verts qui sont constants : contre, quoi qu'il arrive !

La maire de Paris, lors du conseil de Paris du 17 novembre, joue l'avenir des grands projets urbains de la capitale pour sa mandature. Mais le débat purement politicien sur la tour Triangle peut phagocyter celui sur les 23 sites urbains pour réinventer Paris ou ceux de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (transformé en écoquartier), de Bercy Charenton, de la Porte Maillot, et beaucoup d'autres.

Anne Hidalo est en train de redessiner Paris, en particulier avec ses projets sur les portes de Paris (La Chapelle, Aubervilliers, Charenton...), et elle le fait de plus en plus avec les communes avoisinantes (Saint-Denis et Aubervilliers, peut être Neuilly). Et les débats sont quasiment inexistants. Dommage.