Pécresse relance le logement avec 70 maires

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  675  mots
Soutenue par Nicolas Sarkozy et François Fillon, Valérie Pécresse veut le conseil régional d'Ile-de-France.
70 "maires reconstructeurs" d’Ile-de-France autour de Valérie Pécresse. La plupart sont des élus de mars 2014 qui ont bloqué les programmes de logements. Aujourd’hui, ils en promettent quatre fois plus et de meilleure qualité. Le logement sera un enjeu des élections régionales.

Le logement sera de la compétence de la Métropole du Grand Paris à partir de 2016. Mais Valérie Pécresse en fait pourtant un axe essentiel de sa campagne pour les élections régionales. Sous un angle assez futé, puisqu'elle a pris la tête d'un mouvement ("spontané" assure-t-elle) de maires UMP d'Ile-de-France qui ont décidé de "construire autrement".

70 maires avec, parmi eux, 42 des 50 maires UMP qui ont conquis une mairie sur la gauche en 2014. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs, à peine élus, bloqué les programmes de construction sur leur commune : 4.600 logements passés à la trapppe, au printemps 2014.

Les motifs sont divers. Souvent parce ce que le candidat UMP avait  fait campagne contre le projet. Ce fût le cas à L'Hay-les-Roses, "parce ce que c'était un alignement de cubes sans aucun service public"; à Palaiseau, "parce ce qu'il n'y a aucune station de métro là où on construit le programme"; à Saint-Ouen, parce que "l'incinérateur était au milieu du quartier d'habitations"; ailleurs, parce ce qu'il y avait 90% de logements sociaux prévus ou parce ce que cela détruisait des zones pavillonnaires, etc.

Priorité à l'accession sociale à la propriété

Mais ces maires destructeurs sont devenus des maires reconstructeurs. En clair, ils ont refait leurs plans locaux d'urbanisme et ont fait du logement dans le sens qu'ils souhaitaient. En préservant et agrandissant du pavillonnaire, mais surtout en privilégiant l'accession sociale à la propriété: "Alors que les taux d'intérêt sont nuls, faire du tout locatif est hallucinant", estime Valérie Pécresse.

Pour l'instant, ces 68 reconstructeurs, qui représentent plus de 2 millions d'habitants, se sont  engagés sur 78.800 logements, ce qui en fait quand même 19.100 de plus que ce qui était prévu avant les municipales de 2014. 19.100 logements sans grands ensembles, avec des façades où les balcons seront favorisés, et en préservant les espaces verts, jurent les nouveaux édiles. (Voir ci-dessous un exemple de projets PS puis UMP.) Les raisons de cette politique sont nombreuses.

Le foncier est une des dernières ressources des élus

D'abord, d'un strict point de vue économique, le foncier est, en période de restriction des dotations, le meilleur moyen de rentrer de l'argent. Les maires doivent construire ou lever l'impôt.

Ensuite, parce que le type d'habitat que l'on choisit définit la population de son territoire, ce qui est un souci lorsque, comme le dit le maire de Villiers-sur-Marne, "on ne maîtrise plus vraiment l'arrivée des familles".

Donc, ceux qui ont des zones pavillonnaires souhaitent du logement social de qualité et diffus (comme les maires du Vésinet ou de Clamart). Et ceux qui ont hérité de taux de logement sociaux dépassant les 50% (comme les maires de Villepinte, de Saint-Ouen ou du  Plessis-Robinson) veulent des programmes d'accession à la propriété.

Enfin, Valérie Pécresse veut s'appuyer, pour mener campagne, sur la nouvelle génération des élus UMP d'Ile-de-France. Pour elle "tous ces maires ont été élus sur des projets de ville" et ils veulent donc montrer leur capacité à mener une politique intelligente de logement.

"Deux ans et demi pour modifier un PLU"

Et cela, malgré la pluie de lois et de règlements nouveaux qui se sont abattus sur eux avec la loi Alur - qui est désormais la loi à abattre pour eux. Philippe Pemezec, maire du Plessis-Robinson depuis vingt-cinq ans, estime que, avec "les excès de normes de la loi Duflot, il faut désormais deux ans et demi pour modifier un PLU, alors qu'avant, c'était un an".

Tout l'enjeu pour Valérie Pécresse est de montrer que l'UMP peut casser son image sur le logement social et que les maires sont suffisamment malins pour, malgré les bâtons qu'on leur mets dans les roues, créer mieux et plus vite que l'Etat.

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Illustration de l'opposition des politiques de logement:

Ce que voulait bâtir le maire PS, Philippe Kaltenbach, rue de Vanves, à Clamart:

Et ce que fera à la place le maire UMP, Jean Didier Berger: