Paris et Berlin déterminées contre les paradis fiscaux, le secret bancaire fragilisé en Europe

Par latribune.fr  |   |  503  mots
La France et l'Allemagne ont prôné ce jeudi "un mécanisme de sanctions" international contre les paradis fiscaux, dans une déclaration commune publiée à l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand à Berlin. Le Liechtenstein, la Belgique et Andorre ont annoncé vouloir lâcher du lest sur leur secret bancaire.

Affichant son identité de vues avec Angela Merkel sur l'épineux dossier des paradis fiscaux, Nicolas Sarkozy a plaidé ce jeudi pour que le thème soit abordé le 2 avril lors de la réunion du G20 (les vingt premières économies mondiales), à Londres. Lors de la réunion dans la capitale britannique, il s'agira "d'avoir ou non le courage de dire quels sont les paradis fiscaux et ce qu'on leur demande" en terme "d'obligation de transparence", a insisté le président français.

"On ne reproche à aucun pays d'avoir des taux de fiscalité très bas. Mais la règle, c'est de dire d'où vient l'argent et ce qu'ils en font", a poursuivi Nicolas Sarkozy. "Renoncer au secret bancaire va dans le bon sens, cela ne veut pas dire renoncer à la protection de la vie privée".

Pour Angela Merkel, "chaque produit, chaque acteur et chaque endroit du monde doit être transparent". "Nous devons agir avec toute notre détermination" face à ces "pays non coopératifs", a renchéri la chancelière. Le Liechtenstein et la Suisse, notamment, font face depuis des mois à une offensive de l'Allemagne pour leurs pratiques bancaires.

Ce jeudi, si Monaco et l'Autriche n'ont pas encore bougé, trois pays ont annoncé des prochains gestes. La Belgique va ainsi supprimer son secret bancaire dès l'an prochain avec les autres pays de l'UE, puis le fera progressivement ensuite avec les autres pays, a annoncé jeudi devant le parlement le ministre des Finances, Didier Reynders. "Nous allons passer dès l'année prochaine à l'échange d'informations pour tout ce qui concerne la fiscalité de l'épargne, dans le cadre de la directive européenne sur l'imposition", a expliqué le ministre. La suppression du secret bancaire ne concernera pas deux pays de l'UE qui maintiennent à ce jour cette pratique, le Luxembourg et l'Autriche.

Et le Liechtenstein et Andorre ont décidé de lâcher du lest sur leur secret bancaire. Décidé à faire sortir Andorre de la liste "noire" de l'Organisation de coopération et de développement économique, le Premier ministre libéral andorran, Albert Pintat, s'est engagé à faire approuver d'ici novembre un projet de loi qui lève le secret bancaire dans le cadre d'accords bilatéraux d'échange d'information fiscale avec d'autres Etats. Ce texte doit être approuvé par le gouvernement avant le 1er septembre et "au plus tard le 15 novembre 2009" par le parlement andorran, a assuré Albert Pintat.

Au même moment, la principauté du Liechtenstein, qui fut au coeur d'un scandale financier avec l'Allemagne il y a un an, annonçait son intention de revoir en profondeur son secret bancaire. Celui-ci empêchait jusqu'à présent la transmission de toute donnée bancaire de ses clients à des pays étrangers.

Ce vendredi, l'Organisation de coopération et de développement économiqué (OCDE) signale également que "les initiatives prises par des places financières renforcent la lutte de l'OCDE contre la fraude fiscale". L'organisation cite les mesures récentes prises par certains pays (retrouvez le communiqué de l'OCDE ).