Crise grecque : Christine Lagarde s'interroge sur le rôle de Goldman Sachs

Par latribune.fr  |   |  447  mots
Christine Lagarde, ministre de l'Economie, s'interroge sur le rôle de la banque d'affaires Goldman Sachs auprès des autorités grecques au moment du passage à l'euro, en demandant que toute la vérité soit faite sur d'éventuels maquillages de comptes publics ou conflits d'intérêt.

C'est une première pour un officiel français depuis le début de la crise grecque. Interrogée sur France Inter au sujet des déclarations de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a jugé "scandaleux" que des banques aient pu aider Athènes à falsifier ses statistiques budgétaires, Christine Lagarde s'est publiquement interrogée sur le rôle de la banque Goldman Sachs dans cette affaire.

"C'est une question qu'on doit se poser et à laquelle on doit avoir la réponse, je ne l'ai pas aujourd'hui", a-t-elle insisté alors qu'on lui demandait si des lignes jaunes avaient été franchies. "Il faut savoir si cela a été du maquillage de comptes et si cela a été légal ou pas à l'époque où cela a été fait, et si c'était légal il faut s'interroger pour savoir si c'était propice pour la stabilité - probablement non - et dans ce cas là comment on peut éviter que ça se reproduise."

De forts soupçons pèsent en effet sur la sincérité des statistiques grecques. Athènes est entrée dans l'euro en 2001 avec un déficit inférieur à 3% du PIB, la norme du traité de Maastricht, mais il est ensuite apparu que le niveau du déficit était bien plus important. Le même phénomène s'est produit début 2010 lorsqu'il est apparu que le déficit de la Grèce s'était élevé en 2009 à 12,7% du PIB, le double de ce qui était prévu, provoquant une perte de crédibilité importante de la Grèce sur les marchés financiers.

L'agence communautaire de statistiques, Eurostat, fait actuellement une enquête sur le terrain, auprès du Trésor grec, pour vérifier ces pratiques passées, a noté Christine Lagarde. "Eurostat va examiner cette question pour déterminer comment une banque d'affaires, en l'occurrence Goldman Sachs, a aidé la Grèce à structurer, à différer un certain nombre d'obligations de remboursement (...) Ce que mon collègue grec indique, c'est que, à l'époque où cela a été fait, essentiellement au moment où la Grèce est entrée dans l'euro et pendant quelques années ensuite, c'était autorisé. Il faut qu'on le vérifie, il faut en avoir le coeur net et vérifier si les règles de conflit d'intérêt notamment ont bien été respectées, ce sur quoi je m'interroge toujours."

"Je suis basiquement, bêtement pratique, c'est bien joli de prendre des engagements mais il faut les tenir et cela, c'est un problème que la Grèce rencontre depuis longtemps, il faut absolument qu'ils "délivrent" par rapport aux engagements pris", a conclu Christine Lagarde.