Nicolas Sarkozy : l'Afrique constitue "l'avenir de l'Europe"

Par Xavier Harel  |   |  683  mots
Nice accueille ce lundi le 25ème sommet Afrique-France. Plus de 250 entreprises françaises et africaines sont présentes en marge de la réunion, sur fond de décollage économique du continent. Nicolas Sarkozy y a déclaré dès l'ouverture que l'Afrique constitue "l'avenir de l'Europe".

Le 25ème sommet Afrique-France se tient lundi et mardi à Nice. Dès l'ouverture, Nicolas Sarkozy, devant trente-huit dirigeants africains, a appelé a communauté internationale à "faire une place à l' Afrique dans la gouvernance mondiale" : "aucun, absolument aucun des grands problèmes auxquels notre monde est confronté ne pourra trouver de solution sans la participation active du continent africain".

Pour le président de la république française, il est "absolument anormal que l' Afrique ne compte aucun membre permanent du Conseil de sécurité" des Nations unies et exigé que ce Conseil soit "réformé. Je suis intimement convaincu qu'il n'est plus possible d'évoquer les grandes questions du monde sans la présence de l' Afrique ".

A ses yeux, le continent africain constitue "l'avenir de l'Europe" : "ce qui fonde nos convictions, c'est la claire conscience que nos destins sont indissolublement liés. L'échec de l' Afrique serait le drame de l'Europe. L'Afrique est notre avenir (...) longtemps en marge, le continent africain s'impose chaque jour davantage come une acteur absolument majeur de la vie internationale. Le formidable dynamisme démographique de l' Afrique , ses ressources considérables en font la principale réserve de croissance de l'économie mondiale pour les décennies à venir".

Ce sommet coïncide avec le cinquantenaire des indépendances africaines. Il est toutefois placé sous le signe des affaires. Non pas celles émaillant la longue histoire de la françafrique, mais celles qu'entendent réaliser les entreprises françaises et africaines. Parallèlement au sommet, qui réunit 38 chefs d'Etat et de gouvernement et 13 délégations, se tiendront plusieurs ateliers à tonalité clairement économique.

Quelque 250 chefs d'entreprise français et africains doivent y débattre dans le cadre d'ateliers présidés par Anne-Marie Idrac, Christine Lagarde ou encore Laurent Wauquiez sur le cadre juridique des affaires en Afrique, le financement ou le renforcement de la compétitivité des entreprises. Environ 80 entreprises françaises y participent. Une « charte des entreprises françaises en Afrique » en matière d'emplois, de formation et de respect des normes sociales et environnementales doit d'ailleurs être rendue publique.

Un deuxième forum d'affaires se tiendra mardi. La patronne du Medef, Laurence Parisot, y rencontrera notamment ses homologues africains. Plusieurs ateliers permettront aux entreprises françaises et africaines de prendre langue et éventuellement de sceller des contrats.

croissance rapide

Face à la concurrence chinoise, les entreprises françaises veulent reprendre l'initiative sur un continent en plein décollage économique. Depuis le début de la décennie, l'Afrique croît sensiblement plus vite (5,3 % l'an en moyenne sur la période 2000-2008) que l'économie mondiale (4 %). Et, pendant la crise, le continent a continué de croître (2 % en 2009), alors que l'économie américaine se contractait de 2,4 % et la zone euro de 4 % !

Avec ses 53 pays, l'Afrique se prête peu aux moyennes. Les écarts de revenus varient de 330 dollars par tête et par an en République démocratique du Congo (RDC) à 15.000 dollars au Botswana. Mais ces fortes différences ne doivent pas masquer la montée en puissance de pays comme l'Algérie, le Botswana, l'Egypte, la Libye, l'Ile Maurice, le Maroc et évidemment l'Afrique du Sud. Le PIB par tête de ces sept pays (10.000 dollars) dépasse en effet celui des Bric (8.000 dollars).

La flambée des cours des matières premières n'est évidemment pas étrangère à l'accélération de la croissance. Mais c'est l'émergence de marchés solvables, liés à la croissance démographique et à l'urbanisation rapide du continent, qui explique qu'aujourd'hui les Africains sont devenus le principal moteur de l'activité.

Ce décollage s'accompagne de l'émergence de grandes entreprises. Certaines, comme le géant minier Anglo American, le brasseur SABMiller et la société financière Old Mutual ?  situées en Afrique du Sud ? ont déjà dépassé les frontières du continent noir. Mais l'Egypte (Orascom Telecom, Al Ezz Group, CIB...) ou le Maroc (le géant du BTP Ona, BMCE Bank...) comptent aussi de grands groupes. Au Nigeria, le conglomérat Dangote Group (ciment, sucre, logistique, immobilier...) est un vrai poids lourd.