Les joggeurs de Maputo

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

La fin de l'été austral ne signifie pas grand-chose à Maputo. La température moyenne de la capitale du Mozambique ne descend guère au-dessous de 20 °C au plus froid de l'année. Par une douce soirée, donc, en arrivant en ville depuis l'aéroport, un détail incongru attire le regard : des gens font leur jogging le long de la chaussée. Un joggeur, cela se reconnaît : short, tee-shirt et baskets claires, écouteurs aux oreilles. Impossible de le confondre avec un banlieusard courant après son bus, ou même avec un athlète à l'entraînement. Le joggeur court pour son plaisir, pour sa forme, pour sa ligne. S'il y a un marqueur du développement et de l'occidentalisation d'une ville, c'est bien lui. Et rien dans l'apparence des joggeurs de Maputo ne suggérait qu'il ne s'agit pas de Mozambicains.

L'ancienne Lourenço Marques a des airs de Riviera, avec son immense front de mer bordé de cocotiers. La guerre civile qui l'a ensanglantée jusqu'en 1992 n'est plus qu'un douloureux souvenir. Le gouvernement, issu d'élections à peu près convenables, fait son travail de modernisation. La croissance est en moyenne de 8%, partant, il est vrai, d'un PIB très bas (500 dollars par tête). L'aide internationale regroupe 19 bailleurs, dont la France ; leur objectif de faire reculer la pauvreté de 54% à 45% en deux ans a été juste un peu ralenti par la crise. L'efficacité de l'aide est évaluée annuellement, à la fois par les bailleurs et les Mozambicains. La proximité de l'Afrique du Sud stimule les échanges et les investissements. Le pays, lusophone, mais en contact avec la France de l'océan Indien, est beau et accueillant. Les joggeurs de Maputo semblent courir vers un avenir meilleur.

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