La pression des marchés sur la zone euro s'intensifie

Par latribune.fr  |   |  509  mots
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Pour emprunter sur les marchés, l'Italie et l'Espagne sont contraintes d'accepter le paiement de primes de risques dont le niveau n'a jamais été aussi haut depuis la création de l'euro. Cette crise n'épargne plus les pays jugés jusqu'alors plus sûrs comme la Belgique et... la France.

La zone euro s'est encore un peu plus enfoncé dans la crise ce mardi avec notamment une nouvelle hausse des primes de risque exigées par les investisseurs pour détenir de la dette espagnole ou italienne.
Les responsables politiques et monétaires européens ne parviennent plus semble-t-il à enrayer la tendance de marchés qui testent leur détermination à aider financièrement des pays comme le Portugal ou l'Espagne après le plan d'aide de 85 milliards d'euros accordé ce week-end à l'Irlande. Mais ce ne sont désormais plus uniquement les pays périphériques qui sont attaqués puisque les coûts d'emprunt de la Belgique et de la France ont également augmenté. Les spreads des obligations à 10 ans espagnoles, italiennes et belges par rapport aux obligations allemandes de même échéance ont atteint leur plus haut niveau depuis la création de l'euro en janvier 1999, et le coût de l'assurance contre l'insolvabilité de ces Etats a également grimpé.

Une étude menée par Reuters auprès de 55 gestionnaires de fonds montre en effet que les investisseurs américains et britanniques ont nettement réduit leur exposition aux obligations de la zone euro ce mois-ci, privilégiant les marchés d'actions, en dépit de leur faiblesse

Les marchés anticipent déjà un éventuel sauvetage du Portugal et craignent une propagation de la crise par la suite à l'Espagne puis à d'autres pays de la zone euro.
Selon Willem Buiter, économiste en chef chez Citigroup, la crainte d'une insolvabilité des Etats pourrait désormais s'étendre hors de la zone euro et concerner d'autre pays, comme les Etats-Unis ou le Japon.

L'euro a perdu 8% face au dollar en un mois

La monnaie commune pâtit évidemment de ce recul de la confiance des marchés. L'euro a atteint mardi son plus bas niveau depuis deux mois et demi face à la devise américaine, passant sous le cap symbolique de 1,30 dollar. En novembre, la devise européenne a ainsi perdu près de 8% de sa valeur contre le billet vert.

Le secteur bancaire européen est aussi touché, l'indice de référence a cédé 0,91% à la clôture des Bourses européennes, tiré notamment vers le bas par les valeurs françaises qui ont réagi négativement aux rumeurs d'un possible abaissement de la perspective de la France par Standard & Poor's.

"C'est très inquiétant, parce que l'Espagne est presque trop grosse pour être renflouée et l'Italie l'est certainement", a déclaré Everett Brown, analyste des obligations européennes chez IDEAglobal. Le site économique et financier Eurointelligence explique de son côté que les marchés doutent désormais de plus en plus de la solvabilité des Etats périphériques, alors qu'ils étaient surtout préoccupés ces dernières semaines par leurs problèmes de liquidité à court terme.

"Nous considérons qu'un défaut de paiement de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal est acquis", peut-on lire sur le site. "Reste désormais à savoir si l'Espagne va pouvoir y échapper."