Côte d'Ivoire : l'UE va sanctionner Laurent Gbagbo

Par latribune.fr  |   |  587  mots
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Sourd aux pressions de la France, de l'Europe et des Etats-Unis pour qu'il cède pacifiquement le pouvoir au président élu Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et d'autres responsables ivoiriens vont se voir imposer des restrictions de déplacement par Bruxelles. Un gel des avoirs est aussi en discussion.

L'Union européenne va imposer des restrictions de déplacement à dix-neuf responsables ivoiriens dont le président sortant Laurent Gbagbo, qui refuse de quitter le pouvoir.

Reconnu élu par la communauté internationale, Alassane Ouattara a pour sa part exhorté lundi les Nations unies à renforcer le mandat de la force de maintien de la paix en Côte d'Ivoire (Onuci) pour mettre un terme à des affrontements dans le pays qui ont fait 50 morts depuis le vote du 28 novembre.

"Nous nous attendons à ce que la mesure (de restriction de déplacement) soit adoptée mercredi et entre en vigueur jeudi, avec effet immédiat", a dit une porte-parole de la Commission européenne à Bruxelles, précisant qu'un gel des avoirs était en discussion. Les restrictions de déplacement devraient concerner des responsables de la sécurité, des membres du parti au pouvoir, des responsables de l'armée ainsi que Laurent Gbagbo lui-même et sa femme Simone.

"Je ne pense pas que cela fera avancer la situation", a réagi Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), parti de Gbagbo. "Cela montre juste que ceux qui sont à l'origine de ces sanctions n'ont pas une grande marge de manoeuvre".

Les menaces de sanctions formulées par l'UE et par les Etats-Unis sont jusque-là demeurées sans effet. Gbagbo a répondu en demandant le départ des quelque 10.000 casques bleus présents dans le cadre de l'Onuci et des 950 soldats français du dispositif Licorne, demande rejetée par l'Onu et Paris.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l'Onu a prolongé ce lundi de six mois le mandat de l'Onuci et envisage, dans une résolution, d'envoyer davantage de troupes. "Je n'ai aucun doute sur (ce) renouvellement", avait déclaré peu avant le vote Patrick Achi, porte-parole d'Ouattara, retranché dans l'hôtel du Golf à Abidjan. "La question est de savoir s'il vont le transformer en un mandat d'intervention pour soutenir le président, ce que nous demandons", a-t-il ajouté. 

Le chef de la mission de l'Onu en Côte d'Ivoire, Y. J. Choi, a refusé de faire des commentaires sur ce sujet. Il a accusé le camp de Gbagbo de mener une campagne médiatique incitant à la violence contre le personnel de l'Onu, faisant état "de jeunes hommes armés" intimidant certains employés à leur domicile. "Cependant, toutes ces actions n'empêcheront pas l'Onuci de mener à bien sa mission. Souvenons-nous de l'une des maximes de Winston Churchill: 'Si tu traverses l'enfer, ne t'arrêtes pas'", a-t-il déclaré.

Selon Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, des atteintes massives aux droits de l'homme ont été commises en Côte d'Ivoire où, selon elle, une cinquantaine de personnes ont été tuées et plus de 200 autres blessées au cours des trois derniers jours.

Face à la pression de la communauté internationale, les partisans de Laurent Gbagbo ne désarment pas et se disent prêts à livrer un combat à mort pour le maintenir à la tête de l'Etat. "Il n'y a qu'une seule bataille: assurer notre dignité et garantir la souveraineté de notre pays. C'est à nous qu'il appartient de choisir notre président", a déclaré Charles Blé Goudé, leader des Jeunes Patriotes.

Dans une interview au quotidien français Libération, il dément avoir l'intention d'attaquer l'hôtel du Golf où sont retranchés Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro. Et il affirme que les "Ivoiriens n'avaient aucune intention de s'attaquer" aux Français présents dans le pays.