La Syrie rattrapée par "le printemps arabe"

Par latribune.fr  |   |  377  mots
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Après la Tunisie, l'Egypte, la Libye ou Bahreïn, c'est au tour du régime de Damas d'être la cible de manifestations populaires réclamant la liberté.

Pour la cinquième journée consécutive, des centaines de manifestants ont défilé ce mardi au cri de "liberté" à Déraa et Naoua, dans le sud de la Syrie, confirmant que le pays est atteint à son tour par le vent de révolte qui souffle sur le monde arabe.

Inimaginable il y a encore une semaine dans un des Etats les plus strictement "verrouillés" de la région, la contestation a éclaté vendredi dans cette région du plateau stratégique de Haouran, au sud de Damas, où des bâtiments publics ont été incendiés et quatre personnes tuées par les forces de sécurité.

Le même jour, des petites manifestations ont eu lieu après la grande prière hebdomadaire dans la ville d'Homs, dans le centre du pays, et à Banias, sur la côte. A Damas, toujours vendredi, des cris de "liberté" ont brièvement retenti à la grande mosquée des Omeyades.

Egalement à Damas, à la mosquée de Saladin, dans le quartier populaire de Rouknaldine, le prédicateur s'est fait arracher son micro par un jeune homme qui a eu temps d'exiger qu'il évoque la situation politique avant d'être emmené par la police secrète. Un épisode symptomatique du nouveau climat qui règne dans un pays où les fidèles s'étaient résignés depuis des décennies aux sermons convenus prononcés dans les mosquées par des imams aux ordres.

Dans la capitale comme dans les provinces, le mur de la peur qui empêchait toute contestation semble se fissurer. Des affiches autres que celles, omniprésentes, à la gloire du président Bachir al Assad et des "réalisations historiques" du Baas ont fait leur apparition dans le Haouran. Elles réclament simplement "la liberté".

C'est sans précédent depuis la répression impitoyable des opposants dans les années 1980, du temps de Hafez al Assad, père du président actuel. 70.000 personnes ont alors été portées disparues. L'élite de la société syrienne avait été particulièrement visée, de l'avocat et ancien magistrat Haïssam al Maleh, au dirigeant de gauche Riad al Turk, en passant par l'écrivain Akramm al Bounni et le poète Mohamed al Maghout.