Etats-Unis : menace sur les allocations de chômage

Par Jérôme Marin à New York  |   |  461  mots
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A partir de janvier 2012, les chômeurs n'auront plus le droit qu'à vingt semaines d'indemnisation dans le Michigan. D'autres Etats veulent suivre cette voie.

Depuis le début de la crise, le Michigan ne se distingue pas en matière d'emplois. C'est en effet dans cet Etat industriel du Nord des Etats-Unis, fief des grands constructeurs automobiles américains, que le taux de chômage est resté le plus longtemps au-dessus de la barre des 10%. En février, il était encore de 10,4%, un des plus élevés du pays et 1,5 point de plus que la moyenne nationale. 36% des chômeurs recherchent un emploi depuis plus d'un an.

Tout cela n'a pas empêché le gouverneur républicain de l'Etat de parapher une loi réduisant la durée des allocations de chômage. A partir de janvier 2012, les nouveaux chômeurs ne pourront plus prétendre qu'à vingt semaines d'indemnisation dans le Michigan. Actuellement, cette période s'étend à vingt-six semaines, comme dans la quasi-totalité des Etats américains. Elle peut atteindre 99 semaines grâce aux allocations exceptionnelles accordées pour l'instant par l'Etat fédéral.

Cette loi, censée "protéger les chômeurs", selon les services du gouverneur, doit officiellement permettre à plusieurs milliers de sans-emploi actuels de bénéficier encore de ces aides fédérales pendant vingt semaines supplémentaires. Si rien n'avait été fait, 35.000 chômeurs n'auraient plus été éligibles à ces allocations en avril, expliquent les républicains. Et 135.000 d'ici à la fin de l'année.

"Il s'agit en fait d'une aide temporaire à quelques travailleurs sans emploi qui va se traduire par un coût permanent pour les prochains chômeurs", rétorque Rick McHugh du National Employment Law Project. "Cela est d'autant injuste que cette aide temporaire va être presque totalement financée par le gouvernement fédéral".

"Je suis vraiment inquiet pour les travailleurs du Michigan mais aussi pour ceux des autres Etats", a réagi l'un des représentants démocrates du Michigan, Sander Levin. "Il est important que le Michigan ne devienne pas à l'indemnisation du chômage ce que le Wisconsin est devenu pour les syndicats", a-t-il poursuivi, en référence au texte anti-syndical voté dans le Wisconsin.

Car plusieurs Etats américains pourraient suivre cet exemple. La Floride, dont le taux de chômage culmine à 11,5%, s'est déjà engagée sur la même voie, prévoyant également de ramener la durée d'indemnisation à vingt semaines. L'Arkansas souhaite la réduire à vingt-cinq semaines. D'autres Etats, comme l'Indiana, ont durci les conditions pour bénéficier des allocations.

Dans un contexte prolongé de chômage de masse, beaucoup d'Etats doivent faire face à un déséquilibre de leurs programmes. Le Michigan a par exemple dû emprunter 4 milliards de dollars à l'Etat fédéral pour continuer à verser ses allocations. Une trentaine d'Etats ont fait de même: au total, ils doivent 46 milliards de dollars à Washington.