DSK : "Attention, la crise n'est pas encore terminée"

Par Jérôme Marin, à Washington  |   |  541  mots
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Le directeur général du Fonds monétaire international met en garde contre le sentiment répandu que les difficultés sont passées et appelle à ne pas renoncer à la coopération internationale.

Il est encore trop tôt pour crier victoire. Voila en substance l'avertissement lancé ce jeudi par Dominique Strauss-Kahn à la communauté internationale."Il est faux de penser que la crise est terminée. Le pire est derrière nous mais les difficultés demeurent", a expliqué le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), au cours d'une conférence de presse organisée à Washington à l'occasion des Assemblées de Printemps de l'institution. "Le risque le plus important aujourd'hui est l'autosatisfaction et la suffisance. Il nous reste encore beaucoup de choses à faire'.

Alors que le G20 se réunit également à Washington, DSK a plaidé pour une poursuite de la coopération internationale, qui a permis "d'éviter de subir une crise plus grave que la grande dépression". "Elle a atteint pendant la crise un niveau que l'on n'aurait jamais pensé imaginable il y a cinq ans, a-t-il rappelé. La deuxième phase est plus compliquée. Car en pensant que la crise est derrière nous, les politiques se concentrent davantage sur des problèmes locaux. Mais des problèmes globaux subsistent et on ne les résoudra pas en apportant des réponses nationales."

"La reprise est en cours, a souligné le patron du FMI. Mais ce n'est la reprise que nous souhaitons parce qu'elle trop déséquilibrée entre les pays et à l'intérieur des pays". Autre préoccupation : l'emploi. "Il serait exagéré de dire que la reprise n'a pas créé d'emplois, mais elle en a certainement pas créés assez. Nous devons nous affranchir de l'idée que la croissance seule suffira", a-t-il poursuivi, appelant à la mise en place de politiques en la matière.

PAS D'INDICATION SUR SON AVENIR POLITIQUE

Parmi les autres problèmes, DSK a évoqué la situation budgétaire dans les pays développés, qualifiant au passage le plan anti-déficits annoncé la veille par Barack Obama de "pas vers la bonne direction", les risques de surchauffe de certaines économies émergentes et la progression de l'inflation, mettant particulièrement l'accent sur la hausse des prix alimentaires. "Ils ont augmenté de 36% par rapport à l'année dernière pour se rapprocher de leurs pics de 2008, a-t-il expliqué dans ses remarques préliminaires. Et cette hausse touche encore plus fortement les pays pauvres".

Evoquant le contrôle des flux de capitaux, Dominique Strauss-Kahn a justifié la décision du FMI d'édicter des lignes directrices à destination des pays faisant face à un afflux. "Dans certains cas, les mesures traditionnelles ne suffissent pas à stopper l'arrivée de capitaux, a-t-il dit. Un contrôle des flux peut être parfois utile". Jusqu'à présent le FMI n'avait pas de position officielle sur le sujet mais avait pour habitude de s'opposer à ces mesures. "Tous ceux qui pensent que les contrôles de capitaux sont utiles devraient se réjouir", a-t-il lancé en direction des pays, notamment le Brésil, qui associent ces règles à de nouvelles contraintes.

Avec la présence de très nombreux journalistes français dans la salle, la question sur son avenir politique ne pouvait pas ne pas être posée. "Elle est hors de propos", a répondu Dominique Strauss-Kahn, visiblement lassé, mais pas surpris, de devoir à nouveau y répondre.