Protectionnisme : Bruxelles ne veut plus être le dindon de la farce

Par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  363  mots
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Bruxelles veut raboter le système des préférences généralisées, qui permet à de nombreux pays d'exporter vers l'Union européenne sans payer de droits de douane. Motif : certains pays bénéficiaires du système, comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, n'ont plus vraiment besoin d'aides à l'exportation...

Une révolution tranquille est en cours du côté de la politique commerciale européenne, bastion du libre échange depuis les années 1960. Karel de Gucht a donné mardi le top départ à une vaste opération de toilettage du système dit des préférences généralisées. Le commissaire au commerce propose de ramener de 176 à 80 le nombre de pays qui en bénéficient. Les "SPG" leur permettent d'exporter leurs biens vers l'Union européenne sans droits de douane ou à des conditions très favorables. "Le monde a changé depuis que le système a été introduit dans les années 1970, de même que les structures du commerce international", a expliqué le commissaire devant le Parlement.

Actuellement, les importations en provenance des bénéficiaires actuels du SPG s'élèvent à 60 milliards d'euros par an, soit seulement 4% des importations dans l'Union européenne. Mais 40% de ces préférences bénéficient à la Russie, au Brésil, à la Chine, à l'Inde et à la Thaïlande "qui n'ont plus besoin des préférences pour maintenir et confirmer leur succès". Cette réforme devrait rendre aux Européens des marges de négociation avec les émergents, alors que la négociation de plusieurs accords bilatéraux, notamment avec l'Inde et le Brésil, est en cours.

Principe de "réciprocité"

La réforme intervient au moment où Paris veut promouvoir le concept de "réciprocité" dans le commerce international. Yvon Jacob, nommé "ambassadeur de l'industrie" il y a un an par le gouvernement français, doit remettre le 10 juin un rapport sur le sujet. L'ancien président de la Fédération des industries mécaniques devrait se montrer très critique vis-à-vis de l'OMC et inciter Bruxelles à exiger plus de ses partenaires en termes sociaux et environnementaux. "Plus encore que de réciprocité, il faut parler de normes mondiales", explique une source proche du dossier.

Le nouveau régime de préférences pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2014, s'il est approuvé par les ministres des Vingt-Sept et le parlement européen. Alors seulement, on connaîtra la liste définitive des bénéficiaires.