La Belgique plonge ses autoroutes dans le noir

Par Sharon Wajsbrot  |   |  404  mots
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Le ministère des Transports belge entend baisser de 50% l'éclairage du parc autoroutier national. Objectif : réduire la facture et la mortalité de nuit.

C'est la fin d'une ère pour la Belgique qui restait l'un des rares pays à éclairer la quasi-totalité de son réseau autoroutier la nuit. Les autoroutes belges vont désormais rester dans le noir, ou presque… "L'éclairage va être définitivement supprimé sur près de 50% des routes concernées, pour l'autre moitié l'éclairage restera permanent ou sera mis par alternance, lorsque la météo est mauvaise, qu'il y a beaucoup de trafic ou un accident", indique Cybelle-Royce Buyck, du ministère régional des Transports belge.

Le contexte économique morose et l'austérité budgétaire qui plane sur l'Europe obligent les automobilistes belges à plus de vigilance. Pour le ministère des Transports, il n'est plus question de laisser les ampoules griller sur les autoroutes belges. Jusqu'ici, en Belgique, au moins 335.000 lampes s'allumaient sur les autoroutes et voies rapides. Et en Flandre, 100% du réseau étaient jusqu'à présent éclairé, au moins par moments la nuit. Au total, la facture est lourde pour la Belgique. L'an dernier, la Wallonie a dépensé 9,5 millions d'euros et utilisé 105 gigawatt heure d'électricité, ce qui correspond à la production d'un réacteur nucléaire pendant quatre jours. Les mesures de réduction de l'éclairage concernent 750 des 860 kilomètres d'autoroutes en Wallonie, région économiquement moins prospère.

La France suit le mouvement, bien que le parc autoroutier français soit moins éclairé que celui son voisin belge. Les compagnies d'autoroutes françaises tentent de réduire la facture, mais pas seulement. L'éclairage la nuit s'avère contreproductif dans la lutte pour réduire la mortalité au volant, signale Patrick Pioger, chef du département équipement chez Area, filiale du groupe APRR, quatrième groupe autoroutier européen. "Plus les routes sont éclairées, plus les gens roulent vite et plus les accidents sont mortels. Nous voulons réduire la dangerosité des accidents sur notre réseau", affirme-t-il. Mais éteindre les ampoules permet également de réduire un poste de coûts non négligeable - près de 10% des frais d'entretien des autoroutes d'Area dans la région Rhône Alpes.

L'Institut belge pour la sécurité routière (IBSR) va dans le même sens, si l'éclairage routier améliore la visibilité il génère un "un (faux) sentiment de sécurité" et les lampadaires eux-mêmes peuvent s'avérer "des obstacles extrêmement rigides et dangereux" et mortels, souligne-t-il.