L'Europe se divise autour d'une taxe sur les transactions financières

Par latribune.fr  |   |  433  mots
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Paris, Berlin et Dublin veulent une taxe "Tobin" européenne. La Deusche Börse et la City s'y opposent.

Taxer les transactions financières en Europe. C'était l'une des "propositions ambitieuses" lancée mardi par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy après leur "mini-sommet" de crise. Bercy a d'ailleurs annoncé ce mercredi que les ministres français et allemands des Finances étudieraient le dossier en septembre.

Au lendemain des déclarations franco-allemandes sur la gouvernance de la zone euro, cette idée de taxe "Tobin" européenne divise. Qui doit la mettre en oeuvre? Dublin a prévenu : cette taxe conçue dans les années 1970 par l'économiste James Tobin, devrait s'appliquer à toute l'Union européenne pour être efficace. Ce ne serait pas le cas si elle s'appliquait seulement aux dix-sept pays de la zone euro. "Nous ne pouvons pas avoir une situation où il y a une taxe sur les transactions à Dublin et pas de taxe sur les transactions à Londres", a ainsi déclaré ce mercredi le ministre irlandais des Finances, Michael Noonan.

En Finlande, la ministre des Finances a accueilli l'idée favorablement. "Je pense que l'idée de taxer les transactions financières est intéressante", a jugé Jutta Urpilainen lors d'une conférence de presse.

Un enthousiasme partagé par le gouvernement autrichien dont le chancelier social-démocrate, Werner Faymann a déclaré dans un communiqué : "je défends cette taxe depuis le début de la crise de manière répétée et vigoureuse".

Refus de la bourse allemande et de la City

Le gouvernement allemand a d'ailleurs fait savoir que ce sont bien les "Vingt-Sept" qui seraient concernés par un tel prélèvement. Outre-Rhin, cette proposition est loin de faire l'unanimité.

Pour la Deutsche Börse, "la taxe sur les transactions financières n'est pas apte à accroître durablement la sécurité et l'intégrité des marchés financiers". Dans un communiqué, la direction de l'opérateur boursier allemand expliquait comprendre "la motivation politique qui accompagne l'idée de faire participer le secteur financier aux coûts de la crise". Toutefois, elle estime que cette mesure favoriserait des "places financières et produits financiers non régulés".

Du côté de la City, il n'est pas question d'envisager cette taxe si elle ne s'impose pas partout dans le monde. "Nous devons nous assurer que si les responsables politiques réfléchissent à une taxe sur les transactions, ils le fassent au niveau mondial, autrement cela aurait pour conséquence de perturber les marchés financiers, ce qui au bout du compte pèserait sur l'activité et la croissance économiques", plaide ainsi un porte-parole de l'Association des banques britanniques, interrogé par l'AFP.