Barack Obama lance sa bataille pour l'emploi

Par Jérôme Marin  |   |  595  mots
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Le président américain présente, ce jeudi soir, un vaste programme de relance dans un pays qui compte plus de 14 millions de chômeurs. Un tournant décisif à quatorze mois de l'élection présidentielle.

C'est une allocution volontariste et ambitieuse que devrait prononcer ce jeudi soir Barack Obama devant le Congrès américain, en présentant un nouveau plan de lutte contre le chômage. Mais la rhétorique du locataire de la Maison-Blanche, si brillante soit-elle, ne cachera pas l'impuissance de son administration face à une économie en panne. Une économie qui ne crée désormais plus d'emplois et qui menace de replonger dans la récession. Les experts ne se font guère d'illusions sur l'impact des mesures à venir.

Mais l'enjeu est double pour le président : sauver un mandat jusqu'ici marqué par les difficultés économiques, par une lourde défaite électorale ou encore par les querelles politiciennes sur le plafond de la dette, et conserver ses chances d'être réélu le 6 novembre 2012. Faire baisser le taux de chômage, toujours scotché à 9,1 % de la population active, et rejeter la faute d'un éventuel échec sur ses adversaires républicains, voilà les clés de sa réélection.

« Remettons l'Amérique au travail »

À Detroit, ville symbole de cette Amérique qui doit se réinventer, Barack Obama a donné le ton lundi, lors du traditionnel discours de la Fête du travail. « Remettons l'Amérique au travail », a-t-il lancé en direction des parlementaires républicains, les appelant à faire passer les intérêts du pays avant ceux de leur parti.

Le président a également levé le voile sur la philosophie de son plan : des dépenses publiques supplémentaires et des réductions d'impôts. Le tout pour un coût qui pourrait atteindre entre 300 et 400 milliards de dollars. Un projet difficile à défendre, à peine plus d'un mois après les interminables discussions au Congrès pour réduire les déficits publics. John Boehner et Eric Cantor, les deux chefs de file de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, ont déjà prévenu : « Les dépenses financées par la dette ne sont pas le meilleur moyen pour créer une croissance durable de l'emploi. »

En pratique, Barack Obama va d'abord proposer la création d'une « banque des infrastructures » chargée de financer des projets à travers le pays. « Il y a plus d'un million de chômeurs dans le secteur de la construction prêts à se mettre au travail », a-t-il expliqué lundi. Routes, ponts, aéroports, trains, écoles... les besoins ne manquent pas. Notamment parce que les États, les comtés et les municipalités, en proie à des difficultés budgétaires, ont drastiquement revu leurs ambitions à la baisse. D'ailleurs, le président plaidera en faveur d'aides fédérales destinées à ces administrations locales pour leur permettre de conserver professeurs, policiers et pompiers. Depuis début 2010, elles ont supprimé près de 500.000 emplois.

Pour lutter contre le chômage de longue durée, Barack Obama s'inspirera d'une initiative qui a fait ses preuves en Géorgie. Elle permet aux entreprises de mettre à l'essai des personnes sans emploi pendant deux mois, sans leur verser de salaire ni garantir un poste à la sortie. En échange, ces dernières conservent le bénéfice de leurs allocations chômage, en outre légèrement revalorisées. En matière fiscale, le président prônera l'extension des exonérations de charges sociales votées fin 2010. Mais l'efficacité de toutes ces mesures reste à prouver. Et les Américains commencent à perdre espoir : seulement 22 % d'entre eux estiment que la situation économique va s'améliorer au cours des douze prochains mois. Ce qui pèse sur leur consommation, le principal moteur de la croissance américaine...