Delors : Lagarde a fait une "grosse erreur politique"

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  476  mots
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L'ancien président de la Commission européenne accuse la directrice du FMI d'avoir nourri la spéculation. Il oublie un peu vite que, de son côté, il avait tenu des propos on ne peut plus alarmistes en déclarant : "l'euro est au bord du gouffre".

L'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, a accusé mercredi la directrice général du FMI, Christine Lagarde, d'avoir commis "une grosse erreur politique", en évoquant la situation des banques européennes détenant de la dette grecque.

"Si c'était vraiment son sentiment, en bon directeur général du FMI, elle allait parler en tête à tête au chef de gouvernement concerné par ça. Donc elle a, elle aussi, nourri la spéculation", a déclaré M. Delors, lors de "Questions d'Info".

"Face à la montée des risques et des incertitudes, et à la nécessité de convaincre les marchés, certaines banques ont besoin de renforcer leur capital", avait estimé Mme Lagarde vendredi avant la réunion du G7 à Marseille, en évoquant les risques encourus par les établissements européens face à la crise de la dette dans la zone euro.

L'ancien ministre socialiste des Finances a fait valoir que la Société générale, la BNP et le Crédit agricole avaient "les moyens, sans gêner leur clientèle, de faire le nécessaire".

Estimant que "le cri d'alarme" de Mme Lagarde était "trop fort" dans un contexte de "spéculation", M. Delors a repris "les mauvaises langues" de la droite, la qualifiant de "perroquet savant (qui) n'a plus son professeur".

"Elle n'est plus cadrée par M. Musca, le secrétaire général de l'Élysée", a-t-il décrypté à propos de celle qui était naguère ministre UMP de l'Economie.
Pour stopper la panique bancaire, il a estimé qu'il faudrait que "demain, en urgence, nos gouvernements soumettent au Parlement et ratifient" le plan de sauvetage de la Grèce. "Et à ce moment-là déjà, toutes les mesures seront mises en application", a-t-il dit, en soulignant qu'il s'agissait d'un "matelas de 300 milliards".

Propos alarmistes

Jacques Delors oublie un peu vite ses propos, tenus dans le quotidien belge Le Soir le 18 août dernier, qui étaient tout aussi alarmistes. Il avait déclaré : "l'euro est au bord du gouffre". Il avait proposé de mutualiser partiellement les dettes des Etats jusqu'à hauteur de 60% de leur produit intérieur brut, le seuil maximal retenu dans le Traité de Maastricht pour la participation à la monnaie unique. Ces euro-obligations sont selon lui indispensables. "Car si on ne le fait pas, les marchés continueront de douter", ajoute-t-il en estimant que "les dirigeants européens sont passés à côté des réalités".

"Comment peuvent-ils penser que les marchés vont croire aux promesses du sommet de la zone euro, le 21 juillet, s'il faut attendre la fin de septembre pour les transformer en actes ?", demande l'ancien président de la Commission européenne.

Certes, Jacques Delors n'est pas directeur du FMI et peut se permettre une plus grande liberté de parole. Mais sa voix reste entendue sur les marchés.