Les universités américaines toujours championnes du monde

Par Clarisse Jay  |   |  671  mots
Infographie La Tribune
Le classement Times Higher Education est publié ce jeudi. Seuls cinq établissements français sont dans le "top 200".

Après celui de Shanghai en août suit traditionnellement à la rentrée le classement du magazine britannique Times, le Times Higher Education (THE). Et chaque classement, chaque cru, apporte les mêmes résultats, à quelques petits changements près : les universités américaines trustent la majorité des places et les françaises sont rares dans les tops 100 et 200. Pire, les premières places hexagonales sont généralement occupées par les grandes écoles.

Critères non adaptés au système français

Le "THE" 2011 ne déroge pas à la règle : les établissements tricolores ne sont que cinq dans le top 200 et deux dans le top 100. Certains ont même régressé par rapport à 2010. On trouve ainsi Normale Sup (59ème contre 41ème en 2010), Polytechnique (passée du 39ème rang au 63ème) puis l'université Pierre et Marie Curie (remontée de la 141ème place à la 84ème), l'ENS Lyon (141ème contre 100ème en 2010) et enfin l'université Paris 7-Diderot qui fait son entrée à la 169ème place. Les premières places du podium sont monopolisées par Caltech (qui détrône pour la première fois Harvard), Harvard, Stanford, Oxford, Princeton et autres MIT...

Assez sévèrement, les auteurs du classement estiment que "le fait que certaines institutions aient décidé de ne pas participer au classement constitue l'aspect le plus décevant pour la France. Cela semble indiquer leur incapacité à évaluer leurs performances selon une large gamme d'indicateurs, par rapport à leurs homologues et concurrents les plus importants au niveau international." Cela semble surtout exprimer un certain raz le bol des établissements français systématiquement pénalisés par les méthodologies des classements mondiaux par la spécificité du paysage national de l'enseignement supérieur. Les classements évaluent de fait souvent les grosses universités sur des critères liés à la recherche. Or en France, les publications signées par les organismes de recherche ne sont pas forcément prises en compte.

Par ailleurs, les universités de sciences humaines, aussi bonnes soit-elles, sont desservies par un moins grand nombre de publications (qui se font souvent sous la forme de livres) et l'utilisation de langue française. Et les efforts récents pour approfondir les méthodologies, comme THE qui a modifié en 2010 et à 2011 ses critères (pour notamment mieux prendre en compte les sciences humaines et sociales) et changé de fournisseur de données (La Tribune du 16 septembre 2010) n'y peuvent apparemment rien changer. Phil Baty, le rédacteur en chef adjoint du classement, le reconnaît d'ailleurs. Si les résultats 2011 sont "décevants", force est de constater que "le classement global n'est pas adapté au système français d'enseignement supérieur qui est unique". En juin dernier, un rapport de l'association européenne des universités (EUA) avait épinglé les limites de tels exercices (La Tribune du 20 juin 2011).

Réformes

Les réformes (autonomie, regroupements, simplification de la gestion des laboratoires mixtes, opération campus,grand emprunt...) lancée en 2007 par Valérie Pécresse quand elle officiait à l'Enseignement supérieur et la Recherche visent d'ailleurs à améliorer la visibilité et la compétitivité du système français. Pour promouvoir ces évolutions, la France est régulièrement en contact avec l'université chinoise Jiao-Tong, qui publie le classement de Shanghai. Celle-ci s'est même livrée cet été, avec le concours de l'observatoire des sciences et techniques (OST) à une simulation intégrant les regroupements d'universités et d'écoles appelés Pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES). Selon cette simulation, huit PRES figurent au top 200 dont quatre au top 50 (Saclay et 3 parisiens). Parallèlement, la France compte beaucoup sur le "U-multirank", le projet de cartographie multicritères, actuellement en test, que la Commission européenne doit lancer en 2013. Enfin, l'International ranking expert group (Ireg) va labelliser les classements mondiaux selon ses "principes de Berlin". En 2010, l'université du Minnesota avait testé ses principes sur vingt-cinq classements européens. Résultat : le plus mal coté était... le Times Higher Education.