Le premier ministre grec va chercher 8 milliards à Bruxelles

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  585  mots
Copyright Reuters
Le nouveau Premier ministre grec, Lucas Papadémos, était attendu ce dimanche à Bruxelles. Il plaidera lundi et mardi pour le déblocage rapide d'une tranche d'aide de huit milliards d'euros, bien que l'un des membres de sa coalition ait refusé de s'engager par écrit à soutenir les réformes.

Le chef du gouvernement doit rencontrer lundi à Bruxelles le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président du Conseil européen, Herman van Rompuy. Mardi, il aura un entretien avec Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe. Lucas Papadémos doit convaincre le FMI et l'Union européenne de débloquer rapidement huit milliards d'euros pour éviter que son pays ne se retrouve en défaut de paiement à la mi-décembre.

Les représentants de la "troïka" (Union européenne, FMI et Banque centrale européenne) ont conclu leur première série d'entretiens avec les trois composantes de la coalition: le Parti socialiste (Pasok) de l'ex-Premier ministre George Papandréou, le parti d'extrême droite Laos et les conservateurs de la Nouvelle démocratie (ND).

Durant leur visite à Athènes, le chef de file de la ND, Antonis Samaras, a refusé de s'engager par écrit à soutenir toute mesure d'austérité requise pour que la Grèce obtienne de nouvelles aides.

Selon le chef du Laos George Karatzaféris, qui a rencontré dimanche la troïka, les créanciers internationaux de la Grèce ne débloqueront pas la sixième tranche, celle de huit milliards d'euros, sans une telle garantie.

"Je pense qu'il n'y a aucune marge de manoeuvre et que nous devons trouver un arrangement pour que la somme puisse être débloquée à temps et couvrir les besoins urgents du pays", a dit Karatzaféris à la presse en soulignant qu'il signerait la garantie.

Antonis a déclaré dimanche aux représentants de la troïka qu'un engagement verbal à ne pas faire obstacle aux réformes en cours devrait suffire.

MENACE DE GRÈVES

Parallèlement, il a indiqué ces derniers jours qu'il souhaitait remporter une majorité absolue aux prochaines élections législatives, qui devraient avoir lieu le 19 février, afin de pouvoir revenir sur les réformes avec lesquelles il est en désaccord.

Samaras, économiste formé à Harvard, va à rebours du discours dominant et s'oppose de longue date aux hausses d'impôt et aux réductions des dépenses défendues par George Papandréou, estimant que des mesures de relance de la croissance seraient plus efficaces pour sortir la Grèce de l'ornière.

En plus de la tranche d'aide prévue pour décembre, la troïka doit également déterminer si la Grèce remplit les conditions pour recevoir les 130 milliards d'euros de renflouement qui ont fait l'objet d'un accord fin octobre et viendront remplacer le plan initial de 110 milliards.

Le gouvernement Papadémos va se heurter à nombre d'obstacles pour mettre en oeuvre ses réformes, en commençant par la vive opposition des syndicats et la colère de la population, épuisée par des mesures d'austérité qui plongent le pays dans la récession depuis quatre ans.

Dimanche, le syndicat maison de PPC, la première compagnie grecque d'électricité, a menacé de déclencher une série de grèves tournantes si Lucas Papadémos assouplit le monopole de fait que l'entreprise exerce sur les réserves de lignite du pays.

En vertu du plan de renflouement de l'UE et du FMI, Athènes doit ouvrir 40% de l'exploitation du lignite au secteur privé.

"Ce gouvernement chargé de gérer des intérêts précis, qui a été imposé au peuple grec contre sa volonté, doit savoir qu'il devra franchir de nombreux obstacles avant de pouvoir brader le patrimoine de la population grecque", a déclaré le syndicat GENOP.