La crise met à mal la liberté économique à travers le monde

Par Robert Jules  |   |  555  mots
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Pour la Fondation Heritage, qui publie son classement mesurant la liberté économique, dans le monde, l'action croissante des Etats pour enrayer la crise a eu un effet négatif. La France se classe au 67ème rang.

La Fondation Heritage, un "think" tank conservateur basé à Washington, et le Wall Street Journal ont publié jeudi leur indice annuel qui mesure la liberté économique, sur une échelle de 100, pour le meilleur, à 0, et établit un classement des pays (https://www.heritage.org/Index/ranking). Le tiercé gagnant reste en 2012 celui de 2011 : Hong Kong (89,9), Singapour (87,5) et l'Australie (83,1), qui du reste sont tous trois en progression sur un an. Parmi les grandes nations, la Canada arrive 6ème (79,9) les Etats-Unis 10émes (76,3), le Royaume-Uni 14ème (74,1), le Japon 22ème (71,6), l'Allemagne 26ème (71), l'Espagne 36ème (69,1). La France se classe 67ème (63,2), juste derrière le Kazakhstan 65e (63,6), mais largement devant l'Italie 92ème (58,8) et la Chine 138ème (51,2). Au fond du classement, on trouve Cuba, 177ème (28,3), le Zimbabwe 178ème, et la Corée du Nord 179ème (où Heritage a dû dénicher quelques éléments de liberté économique puisqu'il accorde une note de 1 à Pyongyang!).

Dégradation générale

Sans grande surprise, la plupart des pays développés ont vu leur indice se dégrader sur l'année passée en raison de la crise de la dette souveraine. "La reprise dans les économies développées est au point mort alors que les gouvernements et les consommateurs se désendettent après la crise financière", note le rapport. Les dépenses publiques devraient en effet passer en moyenne de 33,5% du PIB en 2011 à 35,2% selon l'indice 2012. "L'expansion rapide de l'action gouvernementale, plus qu'aucun autre facteur du marché, semble être responsable du ralentissement du dynamisme économique. La dépense publique n'a pas seulement échoué à stopper la crise économique, mais aussi - dans plusieurs pays- semble l'avoir prolongé", critique le rapport.

La France à la traîne

Vu de France, le classement paraît sévère. Pour expliquer les raisons de cette "contre-performance" qui est à chercher dans la définition donnée par la Fondation Heritage de la "liberté économique" : le droit fondamental pour chaque être humain de contrôler son propre travail et sa propriété. Dans une société économiquement libre, les individus sont libres de travailler, produire, consommer et investir comme il leur plaît, avec cette liberté protégée à la fois par l'Etat et non contrainte par l'Etat. L'économie française a perdu 1,4 point, à 63,2 point, en raison "de la détérioration de la liberté d'entreprendre et de la gestion des finances publiques", souligne le rapport, qui indique toutefois que "plusieurs réformes ont été adoptées pour augmenter les compétitivité et l'adaptation de l'économie, mais ce progrès est resté marginal." Autrement dit, pour Heritage, plus le rôle de l'Etat intervient dans la sphère privée et publique de l'individu, plus l'indice du pays concerné baisse. Ainsi, parmi la dizaine de critères pris en compte, figurent la libéralisation du travail, la liberté des échanges, les dépenses du gouvernement ou encore le poids des taxes et des impôts.

Le potentiel des émergents

Le rapport souligne enfin le potentiel des pays émergents. Leur croissance devrait, selon Heritage, favoriser la liberté économique. "Sur le long terme, la polarisation entre les marchés émergents et développés s'accentue, avec une confiance dans les économies Bric largement supérieure à celle accordée au G7", souligne le rapport. Une liberté qui, il faut le souligner, ne s'accompagne pas nécessairement d'un surcroît de démocratie.