La Banque d'Angleterre fait marcher la planche à billets

Par Christèle Fradin  |   |  566  mots
Devant la Banque d'Angleterre à Londres - Photo Reuters
Le marché s'attendait à une extension du programme de rachats d'actifs. La banque centrale a annoncé une rallonge de 50 milliards de livres sterling, ses rachats devant s'échelonner sur trois mois.

La Banque d'Angleterre a annoncé ce jeudi une augmentation de son programme de rachats d'actifs de 50 milliards de livres sterling « dans le but de maintenir l'inflation en ligne avec l'objectif des 2% à moyen terme. Lancé en mars 2009 pour soutenir une économie en profonde récession, ce programme destiné à soutenir l'économique britannique est donc ainsi porté à 325 milliards de livres. En revanche, le taux directeur, fixé à 0,5% depuis mars 2009, reste inchangé.


« Au Royaume Uni, le rythme de la reprise a ralenti durant l'année 2011, avec une activité qui s'est contractée au quatrième trimestre », explique la banque centrale. Et si de récentes enquêtes d'activité témoignent d'un tableau un peu plus réjouissant, le rythme de croissance des marchés à l'export a aussi ralenti. Les conditions de crédit sont également évoquées. Bref, les sages de Threadneedle Street craignent que les difficultés persistent encore. De fait, le comité, jugeant vraisemblable que l'inflation s'installe sous l'objectif à moyen terme, a voté l'extension du programme d'assouplissement quantitatif, les rachats devant être effectués durant les trois mois. Après un pic à 5,2% en rythme annuel en septembre dernier, l'indice des prix à la consommation est revenu à 4,2% en décembre dernier. Et l'inflation devrait continuer à baisser fortement à moyen terme, dans la mesure où l'effet de base de l'augmentation de la TVA en janvier 2011 ne devrait plus être visible.


Cette annonce n'a pas pris les marchés par surprise. « Le comité de politique monétaire avait signalé, dans son rapport sur l'inflation de novembre, qu'il pensait qu'une extension de programme de rachats d'actifs était nécessaire en prévoyant que l'inflation serait inférieure de 50 à 75 points de base à l'objectif d'inflation », rappelait l'équipe de Barclays dans une note ce jeudi matin. Un écart qui justifiait, selon les calculs de la banque, une extension du programme de 75 à 200 milliards de livres sterling. Mais Barclays, comme d'autres sur le marché, a réduit ses attentes à 50 milliards, prenant en compte des données macroéconomiques en amélioration - c'est notamment le cas des enquêtes menées auprès des directeurs d'achat - . Ce jeudi encore, les chiffres de la production industrielle pour le mois de décembre, en hausse de 0,5% sur un mois, constituaient une bonne nouvelle.

En outre, le compte rendu de la dernière réunion de la Banque d'Angleterre, en janvier, suggérait des divergences d'opinion au sein de l'institution quant à l'avenir de son programme d'assouplissement quantitatif, soulignait Bank of America Merrill Lynch. Fervent partisan d'une extension de ce programme, Adam Posen avait récemment estimé que 75 milliards de plus étaient nécessaires. De fait, le consensus ne pouvait être trouvé que pour un montant inférieur.


La Banque d'Angleterre avait déjà relancé la planche à billet en octobre dernier, annonçant son intention de racheter quelque 75 milliards de livres sterling de son programme d'achats d'obligations d'Etat et d'entreprises, le portant ainsi à 275 milliards. Les achats devant s'étaler entre octobre et janvier. En « temps normal », l'annonce d'un programme de rachats de titres, et de fait son extension, n'est pas pour soutenir la monnaie du pays concerné. Et pourtant, ce jeudi, la livre, qui évoluait quelques minutes avant la décision de la BoE autour de 1,5840 dollar, s'est hissée jusqu'à 1,5880 dans les échanges suivant.30% des prévisionnistes tablaient sur une rallonge du programme plus importante encore. De fait, le montant des 50 milliards a pu ressortir comme un facteur de soutien.