Faisant fi des sanctions, l'Iran déclare produire son propre combustible nucléaire

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  452  mots
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Téhéran illustrera ce mercredi les progrès de son programme atomique, selon lui à usage purement civil, en alimentant un réacteur de recherche avec du combustible nucléaire produit pour la première fois en Iran, a déclaré mardi un haut responsable de la République islamique.

Le président Mahmoud Ahmadinejad assistera à cet événement dans la capitale iranienne, a dit Ali Bagheri, secrétaire adjoint du Conseil suprême de sécurité nationale, rapporte l'agence de presse russe RIA dans une dépêche de Téhéran. Le réacteur de recherche de Téhéran était jusqu'ici alimenté par du combustible nucléaire fourni par les Argentins dans les années 1990. Cette annonce vise probablement à démontrer aux Occidentaux que les sanctions internationales n'empêchent pas l'Iran de poursuivre ses activités nucléaires. La République islamique est soupçonnée par les Occidentaux et Israël de vouloir se doter de l'arme atomique, ce qu'elle dément.

"Des éléments de combustible, pour la première fois produits par des scientifiques iraniens, seront chargés dans le réacteur de recherche de Téhéran en présence du président (Ahmadinejad)", a dit Bagheri. "Comme les pays occidentaux ne voulaient pas nous aider, nous avons commencé à enrichir de l'uranium à 20% afin de fournir du combustible à ce réacteur", a-t-il ajouté. Mark Hibbs, expert nucléaire au sein de l'organisation Carnegie Endowment for International Peace, ne pense pas que l'Iran soit actuellement en mesure de produire du combustible nucléaire en grande quantité. "Ce dont on parle probablement, c'est d'une production en laboratoire d'un unique élément destiné à ce réacteur", a-t-il dit. Pour sa part, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'a fait aucun commentaire.

"AVANCÉES TRÈS IMPORTANTES"

Samedi dernier, le président Ahmadinejad a affirmé que l'Iran annoncerait prochainement de "très importantes" avancées dans son programme nucléaire. "Dans les jours qui viennent, l'Iran annoncera au monde ses réussites nucléaires très importantes et d'une très grande portée", a-t-il dit à l'occasion du 33e anniversaire de la révolution islamique. La publication en novembre d'un rapport de l'AIEA qui conclut à l'existence d'un volet militaire dans les recherches nucléaires iraniennes a amené les puissances occidentales à durcir leurs sanctions.

Après les Etats-Unis en décembre, les Etats membres de l'Union européenne se sont entendus fin janvier pour boycotter le pétrole iranien à compter du 1er juillet. L'UE représentait 25% des exportations iraniennes au troisième trimestre 2011. Israël, qui considère le programme nucléaire supposé de Téhéran comme une menace pour sa survie, n'a pas exclu une frappe militaire contre l'Iran. La République islamique a promis dans ce cas une riposte "douloureuse" qui viserait Israël et les bases américaines dans le Golfe. Elle a aussi menacé de bloquer le détroit d'Ormuz, par où transitent plus de 35% du pétrole transporté par voie maritime à travers le monde.