Argentine : une mesure protectionniste de plus

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  411  mots
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Pour protéger son excédent commercial, l'Argentine n'en finit plus de verrouiller ses frontières économiques. Et le secteur de la culture n'y coupe pas : la dernière mesure en date limite les importations... de livres.

Le monde fait face à un regain de protectionnisme, l'Argentine en tête. Soucieux de ne pas entamer son excédent commercial, le gouvernement argentin décide coup sur coup de nouvelles mesures protectionnistes, quitte à tendre les relations avec ses principaux partenaires commerciaux du Mercosur. L'Argentine a notamment décidé de mettre en place une nouvelle mesure limitant l'importation de livres et d'autres produits imprimés en papier et en carton, comme l'a annoncé mercredi le gouvernement. Tout produit importé imprimé sur papier ou carton devra avoir "un taux de plomb inférieur à 0,06 % pour 100 grammes de masse non volatile", selon la décision du secrétariat du Commerce Intérieur publiée au Bulletin Officiel. Parmi les produits concernés se trouvent des livres, des journaux, des brochures, des étiquettes, des cartes postales, des chèques et toute sorte d'autres imprimés.

Un secteur de 115 millions de dollars

La Chambre argentine du livre (CAL) et la Chambre argentine des publications (CAP) s'étaient déjà plaintes en septembre, après de premières mesures visant à restreindre les importations de livres. L'Argentine a importé des livres pour 115 millions de dollars en 2010, selon les derniers chiffres disponibles du ministère de l'Industrie, soit 78% du total de 76 millions de livres vendus dans le pays cette année-là. Quelque 500 nouveaux titres sont publiés en Argentine chaque mois, avec 3.000 exemplaires par titre en moyenne, selon la CAL.

Le gouvernement a décidé récemment de contraindre les importateurs à remplir des déclarations détaillées de leurs achats en se réservant un délai de dix jours avant de donner son feu vert. Cette mesure s'ajoute aux accords "informels": pour exporter en Argentine on doit s'engager à importer des produits argentins ou à investir dans le pays pour ne pas risquer de voir ses produits bloqués aux douanes.

Au grand dam des partenaires commerciaux

Ces mesures inquiètent les pays de l'Union européenne, qui représentent 17% des exportations argentines et 16% des importations. Elles sont critiquées par les partenaires de l'Argentine au sein du Mercosur (Paraguay, Brésil et Uruguay), qui représentent 25% des exportations argentines et 31% des importations. L'Argentine veut contrôler ses importations pour préserver son excédent commercial, seule source de financement en l'absence de crédit après le défaut de 2001. L'excédent commercial de l'Argentine, grand exportateur de matières premières, est en baisse régulière. En 2011, il a été de 7,8 milliards d'euros, de 11% inférieur à 2010.