Dix ans après, l'opération d'effacement de la dette argentine fait toujours débat

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  519  mots
La prsidente d'Argentine Cristina Fernandez de Kirchner Copyright AFP
Les conditions dans lesquelles l'Argentine a fait défaut sur sa dette alimentent toujours, dix ans après, les débats judiciaires et politiques aux Etats-Unis, compliquant les relations entre Buenos Aires et Washington.

L'Argentine, étranglée par une crise économique, a cessé en décembre 2001 de rembourser quelque 100 milliards de dollars de dette extérieure. En 2005, elle a offert de solder son dû à des conditions au rabais, ce qu'ont accepté les créanciers représentant 76% des créanciers. En 2010, une nouvelle offre a porté la proportion à 93%. Parmi ceux qui ont refusé, certains se battent devant les tribunaux américains pour récupérer leur dû.

Certains de ces plaignants sont appelés "fonds vautours", car ils ont racheté la dette en question à un prix cassé après la cessation de paiement. En février, un juge fédéral de New York a donné raison à deux d'entre eux, NML Capital et EM, contraignant l'Argentine à les rembourser. Buenos Aires refuse avec constance de se plier aux jugements de ce genre, même s'ils se sont multipliés. Ces fonds d'investissement, entourés de lobbyistes à Washington, cherchent donc à faire plier le pays en obtenant le gel des avoirs de la banque centrale argentine à New York. Leur but est d'arriver à faire statuer la Cour suprême sur l'immunité diplomatique invoquée par la Banque centrale de la République argentine. D'après NML Capital et EM, les banques centrales sont des entités autonomes par rapport aux Etats.

Pressions de la banque mondiale

En janvier, la plus haute autorité judiciaire américaine a demandé à l'exécutif de donner son avis sur ce point. La réponse du gouvernement de Barack Obama est encore attendue. Washington souhaite régler ces affaires. M. Obama est allé jusqu'à accorder un entretien au quotidien argentin La Nacion en décembre pour appeler le pays à honorer "ses engagements anciens envers ses créanciers". Pour y inciter l'Argentine, les Etats-Unis bloquent tout financement de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement. Ils poussent aussi Buenos Aires à renouer des relations normales avec une autre institution de Washington, le Fonds monétaire international, en acceptant ses missions d'évaluation. "Nous maintenons des contacts réguliers avec nos interlocuteurs argentins et nous leur avons demandé de travailler avec le Fonds pour résoudre rapidement cette question. Et nous leur avons demandé de se conformer au reste de leurs obligations internationales, car cela bénéficiera à l'Argentine", indique à l'AFP une source proche du Trésor.

Toujours à Washington, une autre bataille se joue au Congrès des Etats-Unis. Divers groupes, entre autres des agriculteurs qui s'estiment lésés par la concurrence déloyale des Argentins vu la chute de leur monnaie face au dollar, appellent les parlementaires à sanctionner Buenos Aires. L'ambassadeur argentin à Washington, Jorge Argüello, a entamé une campagne pour réhabiliter l'image de son pays. "Dire que l'Argentine a refusé de renégocier sa dette est absurde. Mon pays n'a jamais répudié sa dette et les créanciers qui ont renégocié leurs prétentions en 2005 et 2010 peuvent le confirmer", a-t-il écrit dans une lettre aux parlementaires, transmise à l'AFP. "Sur les 3,6 milliards de dollars débattus devant les tribunaux américains, 85% appartiennent à des fonds vautours et des plaignants qui ne résident pas aux Etats-Unis", a-t-il ajouté.