L'Argentine met ses importations sous surveillance

Désormais, tout achat à l'étranger est soumis à déclaration préalable auprès des autorités pour statuer sur son autorisation, au grand dam des importateurs. Le gouvernement argentin affirme vouloir préserver l'excédent commercial.
La présidente argentine, Cristina Fernández de Kirchner, avait annoncé, lors du sommet du Mercosur de décembre 2011, son intention de prendre des mesures pour protéger son marché. Photo : Bloomberg

Atteinte à la liberté d'entreprise ou défense de l'intérêt national ? C'est en ces termes qu'est posé le débat sur le nouveau régime d'importation en vigueur en Argentine. Depuis le 1er février, les importateurs sont tenus de présenter une déclaration sur l'honneur à l'administration fiscale ainsi qu'à la Banque centrale et remplir un formulaire auprès du secrétariat d'État au Commerce intérieur détaillant les produits qu'ils souhaitent faire venir de l'étranger. Les autorités ont 15 jours pour se prononcer par une autorisation, des observations impliquant l'envoi d'informations complémentaires ou un rejet. En l'absence de réponse, l'importation est considérée autorisée.

Préserver l'excédent commercial

Le nouveau système, à l'origine duquel se trouve le secrétaire d'État au Commerce intérieur Guillermo Moreno, l'homme fort de l'équipe économique, s'ajoute aux licences non automatiques en place dans certains secteurs "sensibles" (600 positions tarifaires au total). Le gouvernement dit l'avoir institué pour préserver l'excédent commercial (12 milliards de dollars en 2011), compte tenu d'une conjoncture internationale dominée par la crise européenne qui favoriserait la "concurrence déloyale" de pays tiers, et défendre la production nationale. Au 10 février, sur 16.000 demandes, 4.700 avaient été autorisées et 2.700 avaient fait l'objet d'observations, le reste étant en attente d'une décision.

"Commerce administré"

Des économistes et des chefs d'entreprise ont dénoncé ce retour au "commerce administré", au nom des principes, mais aussi de l'efficacité économique. En effet, en raison de l'intégration internationale des processus de production, pratiquement toute l'industrie argentine est tributaire de biens importés, l'automobile apparaissant comme un cas emblématique, dans la mesure où les voitures exportées par le pays incluent une part importante de pièces venant de l'étranger. Limiter ces importations pourrait donc avoir un impact négatif sur la balance commerciale.

 Les gros importateurs visés

En privé, les chefs d'entreprise, dont Moreno est la bête noire, se montrent plus résignés qu'inquiets. En partie, parce qu'ils espèrent que les autorités assoupliront les démarches si leurs effets s'avéraient négatifs. Mais aussi parce qu'ils pensent que le nouveau régime vise surtout les gros importateurs, avec qui le gouvernement peut engager un dialogue direct, en autorisant des achats à l'étranger contre l'engagement d'un équilibre de leur propre balance commerciale à terme. Il s'agirait de systématiser ce qui existe déjà pour les secteurs en observation et qui a conduit, par exemple, l'importateur de véhicules de luxe d'une célèbre marque allemande à augmenter ses exportations... de vin.

 Fuite des capitaux

En plus du solde commercial, le gouvernement entend surveiller le flux de devises : en ce sens, le système vient compléter le contrôle des changes institué en novembre, toujours à l'initiative de Moreno, pour freiner la fuite des capitaux. Par ailleurs, le nouveau régime s'inscrit dans une tendance régionale. Lors du sommet du Mercosur de décembre 2011, les présidentes brésilienne Dilma Roussef et argentine Cristina Fernández de Kirchner avaient annoncé qu'elles prendraient des mesures pour protéger leurs marchés.

Commentaires 2
à écrit le 14/02/2012 à 17:51
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Alors as de contrat concernant le rafale et pourtant une nouvelle guerre des malouines se profile

le 14/02/2012 à 21:10
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Une façon de détourner l'attention, une guerre pour quelques îles.

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