Pour financer les retraites, taxons les beaux !

Par Agathe Machecourt  |   |  604  mots
AFP - L'acteur japonais Jun Kawamoto (Crédits : <small>DR</small>)
Un économiste japonais propose de majorer l'impôt sur le revenu des beaux gosses japonais. L'idée : les rendre ainsi moins séduisants aux yeux des jeunes femmes célibataires pour les orienter vers... les moches. Et financer les retraites.

Vous gagnez bien votre vie mais vous êtes moche, donc célibataire. Pour vous aider à conquérir le coeur de demoiselles intéressées, quoi de mieux que de taxer plus sévèrement les beaux-gosses qui vous font de la concurrence déloyale sur le marché des femmes à marier ? L'idée vient du Japon. Plus précisément de Takuro Morinaga, économiste. Lachée lors d'une émission de télévision japonaise, la proposition a fait le buzz sur internet. Le magazine japonais Aera a donc interviewé le très sérieux Takuro Morinaga, entretien repris par l'hebdomaire Courrier international.

Les bases du raisonnement sont simples : les célibataires sont trop nombreux au Japon. Et face aux hommes au physique avantageux, les laids peinent à séduire. Troisième postulat : les femmes aiment l'argent (sic). La solution pour aider les moches à passer la bague au doigt de demoiselles rationnelles, serait donc de majorer l'impôt sur le revenu des beaux gosses. "Il s'agit de classer les hommes célibataires en quatre grandes catégories - les beaux gosses, les normaux, les moyennement laids et les laids - et de majorer de 100 % le taux d'imposition applicable aux beaux, ce qui doublerait leur impôt sur le revenu", explique Takuro Morinaga au magazine japonais. Pour l'économiste, "choqué" de voir que près de 50% des hommes japonais âgés de 30 à 35 ans étaient toujours célibataires, il est urgent d'agir.

Un beau riche pourrait laisser 90% de ses revenus au fisc

"Actuellement, l'impôt sur le revenu est un impôt progressif comprenant six taux qui augmentent en fonction de la tranche de revenus : 5%, 10%, 20%, 23%, 33% et 40%. Dans le cas d'un beau gosse jouissant de revenus confortables situés dans la tranche supérieure, le taux d'imposition serait de 80%. Si l'on y ajoute les impôts locaux, qui prélèvent 10%, un jeune homme beau et riche de surcroît laisserait 90% de ses revenus au fisc", explique Takuro Morinaga.

Le professeur d'économie a d'ailleurs interrogé ses étudiantes à l'Université de Dokkyo. A la question "entre un beau gosse pauvre et un moche riche, lequel choisiriez-vous pour mari ?", les demoiselles se sont montrées aussi interressées que sensibles au physique. Ni le moche riche, ni le beau pauvre ne l'ont emporté. Un résultat qui n'a pas étonné la journaliste japonaise à qui l'économiste répondait. Elle y est même allée de sa propre analyse en assurant que "si (les femmes interrogées) avaient été un peu plus âgées, les moches riches l'auraient emporté largement".

Relancer le taux de natalité et financer les retraites

Comment en est-on arrivé là ? Le diagnostic du docteur Morinaga est aussi simple que sa solution. "Le système de l'emploi à vie s'est effondré dans notre pays et la pratique du mariage à vie qui était soutenue par ce dernier s'est écroulée à son tour", explique-t-il. Ainsi, un homme séduisant qui s'afficherait avec plusieurs femmes ne serait plus un goujat mais un séducteur. Les femmes n'hésiteraient donc plus à se laisser conquérir, débarrassées des "on-dit" désormais dépassés.

"Si les revenus des beaux sont plus faibles que ceux des laids, les femmes en viendront à réviser leurs critères de choix. On pourra par conséquent limiter la progression du célibat, et le taux de natalité cessera de chuter. De plus, la baisse de recettes fiscales provenant des contribuables laids sera largement compensée par ce qu'auront à verser les beaux. Si l'on affecte ce surplus à la protection sociale, le financement des retraites sera facilité et l'avenir du Japon sera plus radieux", explique enfin l'économiste. CQFD ?