Un an après le séisme et la catastrophe de Fukushima, le Japon va mieux. La preuve : la consommation et l'emploi ont donné de nouveaux signes encourageants en février. Selon le gouvernement, les ménages nippons ont dépensé 2,3% de plus qu'au mois de février précédent, la plus forte hausse enregistrée depuis le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 qui ont dévasté la région du Tohoku (nord-est).
Cette catastrophe, doublée d'un accident nucléaire à Fukushima, avait plongé dans l'angoisse une population hésitant dès lors à ouvrir son porte-monnaie, d'autant que les revenus des salariés s'effritaient. Mais le retour progressif à la normale dans l'archipel, malgré une situation toujours difficile dans le Tohoku, a poussé vers les magasins des Nippons bénéficiant de progressions de salaires.
Les achats de produits électroménager (+53,2% sur un an) et de véhicules motorisés (+23,4%) en ont bénéficié. Une consommation solide est essentielle pour la reprise de la troisième puissance économique mondiale, dont le produit intérieur brut s'est contracté entre octobre et décembre et pendant la majeure partie de 2011. Tablant sur un rebond au début 2012, les autorités de l'archipel ne peuvent s'appuyer sur les exportations, ancien moteur de la croissance souffrant d'une conjoncture mondiale incertaine, de la cherté du yen et des difficultés des géants nippons de l'électronique.
Le chômage recule à 4,5%
Autre signe positif enregistré vendredi, le chômage a encore reculé, à 4,5% en février contre 4,6% le mois précédent, sur fond de détente du marché du travail. Il continue d'évoluer à son plus bas niveau depuis trois ans, malgré les catastrophes du 11 mars 2011 qui ont contraint des entreprises à mettre la clé sous la porte dans le Tohoku.
En fragile rétablissement, l'économie de l'archipel reste engourdie par la déflation qui sévit depuis trois ans, un phénomène qui décourage l'investissement des entreprises et pousse les ménages à repousser leurs achats pour bénéficier de meilleurs tarifs plus tard. En février, la très légère progression de l'indice des prix à la consommation, hors produits périssables (+0,1% sur un an) n'a été rendue possible que par la vigueur des cours de l'électricité, du gaz et du fuel (+4,6%).
Mais la déflation pénalise la reprise
Les tarifs des réfrigérateurs, machines à laver et ordinateurs personnels ont par exemple plongé d'un tiers, bien que les prix des télévisions, fait notable, aient cessé de chuter. "La compétition tarifaire entre commerçants et les progrès technologiques font baisser les tarifs des produits électroménagers et électronique. Même si les cours du pétrole maintiennent l'indicateur global en territoire positif, l'économie reste en déflation", a expliqué Yoshiro Sato, de la banque Crédit Agricole.
Pour tenter d'endiguer ce phénomène pernicieux, la Banque du Japon maintient son taux directeur dans une fourchette de 0,0% à 0,1% et achète massivement des bons du Trésor, des obligations d'entreprises et d'autres titres financiers afin de faciliter la circulation d'argent. Ce faisant, elle veut encourager les prêts aux entreprises et l'activité productive dont le redécollage a marqué un temps d'arrêt en février.
Tassement de la production industrielle
La production industrielle a reculé de 1,2% sur un mois, à cause d'un repli de la fabrication de téléphones portables, de voitures et d'écrans cristaux liquides (LCD) grand format, d'après le ministère de l'Economie. Le meilleur climat de la conjoncture mondiale en ce début d'année laissait espérer mieux, notamment aux groupes exportateurs.
"Les producteurs s'attendent toutefois à des progressions en mars et avril. Ce déclin de février pourrait n'être qu'un ajustement temporaire", a estimé M. Sato. Des subventions gouvernementales pour l'achat de voitures "écologiques" et les dépenses supplémentaires votées par le Parlement nippon pour soutenir la reconstruction du Tohoku devraient ainsi soutenir le secteur industriel.
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