La Californie reste le laboratoire de la démocratie aux Etats-Unis

Par Isabelle Boucq, à San Francisco  |   |  904  mots
Dans le sud de la California, Julia Brownley est la candidate démocrate pour représenter le comté de Ventura à la chambre des représentants à Washington. /Copyright DR
La Californie est acquise aux démocrates, et pourrait même aider le parti à reconquérir le sénat au niveau fédérale. Un nouveau découpage électoral et une nouvelle organisation des primaires pourraient modifier les habitudes en matière de démocratie et contribuer à l'émergence de nouveaux leaders.

« La Californie est un Etat solidement démocrate », affirme Tenoch Flores, un responsable du Parti Démocrate de Californie. Autrement dit, l'Etat est acquis à Barak Obama dans l'élection présidentielle de novembre. Mais les Américains doivent aussi faire d'autres choix. Outre le président, ils élisent leurs députés et leurs sénateurs aussi bien à Washington que dans la capitale de leur Etat et donnent leur avis sur une ensemble de référendums. « La Californie pourrait jouer un rôle important pour regagner le la Chambre des représentants à Washington », espère le responsable démocrate.

Nouveau découpage électoral

Le nouveau découpage électoral devrait aider le parti présidentiel dans sa conquête de la Chambre des représentants. C'est une grande nouveauté voulue par les électeurs il y a quelques années : une commission composée de citoyens (5 démocrates, 5 républicains et 4 indépendants) vient de redessiner le contour des circonscriptions électorales à la suite de multiples réunions publiques.

« C'était la législature ou les tribunaux qui s'en occupaient auparavant et il y avait toujours de nombreuses controverses. Par comparaison, ce processus a été sans à-coups et sans conflits », affirme Eric McGhee, spécialiste des élections au Public Policy Institute of California. « Les démocrates espèrent que le nouveau découpage les avantagera, mais ça ne se manifestera peut-être pas dès cette élection », tempère-t-il.

Une nouveauté dans les primaires californiennes

Dans les primaires de juin dernier, une autre nouveauté est venue changer la donne. Dans ces primaires « ouvertes », ce sont les deux candidats qui recueillent le plus de votes qui se présenteront aux élections de novembre, même s'ils sont du même parti. On pourrait même voir un jour des indépendants parvenir aux élections de novembre. L'objectif de Steve Peace, leader des indépendants en Californie et auteur de la nouvelle loi, est de rendre les élections plus compétitives, mais moins partisanes.

« Il y a 200 ans, on n'avait pas anticipé un système avec deux partis forts. Le système électoral est devenu une farce car les décisions se prennent pendant les primaires quand peu de gens votent », explique-t-il. « Je ne crie pas encore victoire car cela prendra une décennie pour que cette réforme change le système. Les candidats ne seront plus captifs de la rhétorique de leur parti en laquelle ils ne croient pas eux-mêmes. » Aux primaires de juin, les indépendants ont présenté huit candidats, un record.

Au final, ce sera le comportement des élus qui garantira le changement. « J'aimerais que les élus travaillent au-delà de leur appartenance à un parti et soient récompensés pour un travail constructif. Les Etats-Unis aiment donner des leçons au reste du monde, mais notre système n'est pas démocratique et n'encourage pas le compromis », affirme encore Steve Peace. Cependant, l'enthousiasme non partisan de la jeune génération l'encourage à être optimiste.

Les démocrates californiens divers, mais unis

« Les démocrates californiens sont très divers car l'état est très grand et on y trouve de la high-tech, de l'agriculture ou encore Hollywood », explique Eric McGhee. Mais les démocrates sont aussi plus unis qu'il y a 30 ans. Avant les années 1980, on pouvait se dire démocrate et avoir des idées très conservatrices. C'est parti de l'élite du parti qui est devenue plus idéologique et polarisée avant de gagner les électeurs. »

« Le parti démocrate a fait une erreur avec le Tea Party. Au départ, c'étaient des jeunes contre la guerre et contre le déficit. Ensuite, le mouvement a été récupéré et il n'a plus rien à voir avec ses débuts », analyse Steve Peace. Quel poids pèsera le Tea Party dans les élections ? Difficile de le dire car, bien qu'il représente une faction importante, le mouvement est moins puissant qu'il ne l'a été en Californie.

L'inconnue du Tea Party

Eric Golub est un comédien conservateur qui a participé au Rise Up Bus Tour du Norcal Tea Party au printemps. « Les gens qui venaient nous écouter sont très inquiets. Ils pensent que la situation économique empire et que leurs enfants seront la première génération qui ne fera pas mieux que leurs parents. Nous leur expliquons comment ils peuvent agir en contactant leurs élus et en se faisant élire au niveau vocal, dans la non-violence car nous nous sommes pacifistes contrairement au mouvement Occupy. »

Eric Golub reproche aux politiciens californiens d'être anti-business et de décourager l'entreprenariat. « A titre personnel, je soutiens Mitt Romney avec enthousiasme. Mais Obama n'est pas notre ennemi, juste notre adversaire. C'est un bon mari et un excellent père, mais c'est un leader raté. Ses solutions sont mauvaises et n'ont jamais marché. »

Dans le sud de la Californie, Julia Brownley est la candidate démocrate pour représenter le comté de Ventura à la chambre des représentants à Washington. Son manager de campagne pointe les défauts de son adversaire, Tony Strickland. « Il a toujours voté sur le sujet des droits des femmes, de l'environnement et de l'éducation aussi à droite qu'on peut voter. Il fait partie du Tea Party et a reçu des financements des intérêts pétroliers », affirme Lenny Young. La politique partisane a encore de bons jours devant elle.