Les Etats-Unis veulent débloquer leurs réserves stratégiques de pétrole

Par Jérémie Pham-Lê  |   |  454  mots
Le cours du pétrole ne cesse d'augmenter suite à l'entrée en vigueur de l'embargo sur les exportations iraniennes. Copyright Reuters
La Maison Blanche se tiendrait prête à puiser dans ses stocks de secours pour endiguer la hausse du prix du brut. Une mesure rare qui pourrait se faire en concertation avec certains Etats européens.

Nouvelle avancée dans le dossier du pétrole. Selon une source anonyme citée par l'agence Reuters jeudi, les Etats-Unis envisagent de recourir à leurs réserves stratégiques de brut. Si aucun accord international n'a encore été conclu, d'autres pays occidentaux tels que le Royaume-Uni, la France ou l'Allemagne pourraient également suivre la politique de Washington.

Ce plan massif et peu courant vise à réduire le cours de l'or noir, qui ne cesse d'exploser depuis l'été. A la Bourse de New York mercredi, le baril de «light sweet crude» pour livraison en septembre clôturait à 94,33 dollars (76,2 euros), soit le niveau le plus haut depuis mai. Même constat à la Bourse de Londres où le baril de Brent, même échéance, s'échangeait à 116,25 dollars (93,9 euros), un prix jamais égalé depuis trois mois.

Réduction de l'offre

Ces hausses inquiétantes s'expliquent par la baisse considérable des stocks de pétrole disponibles. Selon les chiffres du département américain de l'Energie (Doe) publiés mercredi, l'or noir a accusé un recul de 3,7 millions de barils en une semaine, pour un total de 366,2 millions. Un résultat bien supérieur au consensus calculé par l'agence Down Jones Newswires, qui tablait sur un recul de 1,9 million de barils.

La réduction du volume de brut disponible tient en partie de l'entrée en vigueur au 1er juillet de l'embargo iranien appliqué par l'Union européenne. Plus une goutte de pétrole produite par l'Iran, qui possède pourtant 10% des réserves mondiales, ne circule désormais à destination de l'Europe. Les Etats-Unis avaient appliqué la même punition en 2011 pour sanctionner la politique nucléaire de Téhéran.

Une stratégie envisagée à maintes reprises

Au printemps dernier, les Etats-Unis et huit autres pays avaient déjà envisagé de manipuler le cours du pétrole en débloquant leurs réserves stratégiques. A l'époque, le baril de Brent dépassait les 125 dollars (101 euros), soit bien au dessus du cours actuel. L'annonce d'une éventuelle action commune avait permis au cours de diminuer de quelques 2 dollars. Finalement, le plan avait été annulé en raison d'une baisse significative du prix du Brent, à 105 dollars fin mai. En cause, une demande en net recul, minée par les tourments de la crise en zone euro.

La dernière opération commune concrétisée, soit la troisième dans l'histoire, remonte à juin 2011. A l'unanimité, les 28 pays membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avaient décidé de puiser dans leurs réserves stratégiques pour combler l'arrêt de la production lybienne. Avec 60 millions de barils supplémentaires en un mois, le marché avait pu être régulé et le cours du pétrole apaisé.