Le FMI révise ses calculs : l'austérité nuit beaucoup plus que prévu à la croissance

Par Ivan Best  |   |  376  mots
John Maynard Keynes Copyright Reuters
Le Fonds monétaire international basait auparavant ses calculs de croissance sur une hypothèse d'impact limité des mesures d'austérité. Il revoit aujourd'hui en forte hausse l'effet multiplicateur -négatif- des politiques de réduction du déficit

Alors que le gouvernement britannique, face à une économie engluée dans la récession, accentue encore les coupes dans les dépenses publiques, afin de tenter de réduire le déficit public, le Fonds monétaire international se livre à une étude de l'impact des politiques dites de consolidation budgétaire. Sa conclusion, en forme de mea culpa, est sans ambiguïté: l'austérité réduit plus fortement que prévul'activité économique, et donc les rentrées fiscales, provoquant en fait un creusement du déficit. Le FMI examine ce que les experts appellent les multiplicateurs keynésiens, autrement dit l'impact sur l'économie des mesures d'austérité (ou de relance, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui). Si une réduction de dépense publique d'un euro entraîne une baisse du PIB d'un euro, le multiplicateur est alors estimé à un. Avant la crise, il était d'usage, c'était en tous cas celui en cours au FMI, de considérer que l'effet multiplicateur était limité à 0,5. Mais l'examen de la situation des grands pays industriels depuis le début de la crise conduit à réviser totalement cette estimation. Le multiplicateur serait actuellement compris entre 0,9 et 1,7, écrit aujourd'hui le FMI.
Quelle est la signification de cette fourchette ? Cela veut dire qu'une baisse de dépense publique (ou une hausse d'impôt) d'un euro, destinée à diminuer le déficit, peut entraîner un recul de 1,7 euro du PIB. Dans ce cas, la mesure prise un gouvernement manque sa cible : un recul de 1,7 euro de la richesse produite entraîne un accroissement du déficit public proche d'un euro -cela dépend bien sûr du poids de la sphère publique- , compte tenu des pertes de recettes fiscales et des dépenses sociales supplémentaires (chômage, pauvreté...). Autrement dit, le déficit n'est pas réduit in fine. Et l'économie s'en trouve évidemment plus mal en point.

Sur les raisons de cet effet multiplicateur, le FMI ne s'étend pas outre mesure. Mais il cite le fait que les politiques monétaires n'ont plus guère de marge de manoeuvre (les taux d'intérêt sont partout proches de zéro) et que les politiques d'austérité sont menées partout en même temps.