Le patriotisme économique n'existe pas qu'en France !

Par Odile Esposito  |   |  433  mots
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États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Italie..., les pays développés sont nombreux à encourager l'achat de produits nationaux. L'argument est toujours le même : soutenir l'emploi local.

Si les Français sont nombreux à vouloir privilégier les produits nationaux, le mouvement ne se cantonne pas à l'Hexagone. « Aux États-Unis, on voit fleurir de petits drapeaux américains sur de très nombreux produits », observe Emmanuel Sabonnadière, président de Silec Cable.
Walmart n'a-t-il pas annoncé en janvier qu'il allait accroître de 50 milliards de dollars durant les dix ans à venir ses achats de produits fabriqués aux États-Unis? Une hausse certes modeste de 5 milliards de dollars par an, par rapport aux 335 milliards que le géant américain de la distribution a consacrés aux achats et au transport de ses marchandises sur son dernier exercice.
Mais l'annonce témoigne d'un regain d'intérêt pour le « made in USA ». Selon une étude menée en novembre dernier par le Boston Consulting Group, 80% des Américains accepteraient de payer plus pour des articles fabriqués aux États-Unis, 93% de ces « patriotes » citant la préservation des emplois comme argument principal.

« Aux États-Unis, la préférence pour les produits locaux dans les achats publics est actée par la loi, avec le Buy American Act, rappelle Olivier Wajnsztok, du cabinet AgileBuyer. Un "small business act" qui impose d'avoir 5% de ses achats auprès de petites entreprises. À l'inverse, la loi française empêche les entreprises publiques d'avoir un choix préférentiel. » En Australie, un kangourou stylisé de couleur orange dans un triangle vert signale les pro-duits « Australian Made ». Il est apposé sur quelque 10000 produits. En Italie, une loi de 2009 a défini le « 100% made in Italy » et, au Royaume-Uni, le site Buybritish.com dresse la liste des fabricants du Royaume et incite au patriotisme. Encourager les achats de produits nationaux au nom de l'emploi, la pratique est donc courante dans les pays développés. Sauf peut-être en Allemagne. « Le consommateur allemand achète massivement chez Aldi et Lidl et le seul élément qui l'intéresse, c'est le prix », assure John Persenda, PDG du groupe d'emballages ménagers Sphere. Quant au label « made in Germany », sa force est telle que les industriels rechignent à mieux contrôler ses critères d'application! L'an dernier, la Fédération des chambres de commerce et d'industrie (DIHK) s'était alarmée d'un projet de Bruxelles visant à réserver ce label aux produits fabriqués pour 45% au moins en Allemagne. Alors que, comme pour le « made in France », le logo prouve simplement que « la dernière étape importante de transformation est réalisée dans le pays ». On imagine mal alors la création d'un label « made in Europe » évoquée par certains.