Qui est l'invité surprise à Davos ? Le Bitcoin

Par latribune.fr  |   |  549  mots
Selon le PDG de la banque américaine JPMorgan, le Bitcoin deviendra bientôt "un système de paiement soumis aux mêmes règles que n'importe quel autre système de paiement".
Au Forum de Davos, chefs d’entreprise et dirigeants politiques américains ont mis en garde contre les dangers du Bitcoin, rappelant que la monnaie virtuelle pourrait être utilisée pour financer des activités de terrorisme. Témoignant de leur "incrédulité", ils prédisent que la mise en place d’une régulation mettra fin au phénomène.

Si le Bitcoin n'était pas au programme du Forum de Davos, il semblait inévitable qu'il fasse l'objet d'une discussion entre les chefs d'entreprises et politiciens influents en présence. Après tout, ces quatre jours se déroulent sur le thème "remodeler le monde". Ce à quoi le Bitcoin participe sans aucun doute, ne serait-ce que dans la manière dont les transactions financières sont réalisées.

"Sentiment d'incrédulité"

Interviewé à Davos par la chaîne de télévision américaine CNBC, Jamie Dimon, le PDG de la banque américaine JPMorgan, n'a pas mâché ses mots. "La question qui se pose n'est pas 'est-ce qu'il faut accepter le Bitcoin ?' mais 'est-ce que l'on doit seulement accepter de travailler avec des gens qui en banalise l'usage ?'"

Selon le banquier d'affaires, le Bitcoin et ses clones - le Dodgecoin notamment - devraient bientôt devenir "un système de paiement soumis aux mêmes règles que n'importe quel autre système de paiement… ce qui signera probablement leur arrêt de mort."

Dans une interview séparée donnée sur la même chaîne télévisée, à Davos, Jack Lew, le Secrétaire du Trésor des Etats-Unis, confie partager le même scepticisme.

"On en a parlé avec Jamie Dimon, insiste le dirigeant politique. Et il semble que l'on partage tous les deux un certain sentiment d'incrédulité vis-à-vis de tout ce phénomène."

Selon le Secrétaire du Trésor, les gouvernements doivent s'assurer que la monnaie virtuelle ne devienne pas une "voie royale pour le financement d'activités illégales ou de toute activité ayant un dessein malveillant à l'instar du terrorisme". Une des caractéristiques principales de cette monnaie, rappelle Jack Lew, est la garantie d'anonymat qui permet aux auteurs des transactions de rester invisibles.

Consensus à Davos

Maurice Lévy, le PDG de Publicis, partage cette incrédulité et ironise : de la même façon qu'aujourd'hui tout le monde parle du Bitcoin, "trois ans auparavant à Davos on débattait de Second Life". Et d'ajouter, pour le plaisir rhétorique : "Où est-ce passé aujourd'hui ?". Second Life est un monde virtuel développé par Linden Lab en 2003. Après avoir connu un succès fulgurant, la plateforme virtuelle a été peu à peu désertée par ses utilisateurs et est désormais tombée dans un quasi-oubli.

Dans une note publiée en décembre dernier, la Banque de France fustigeait le "risque financier certain" que représente le Bitcoin et avançait la même crainte qu'aujourd'hui le Secrétaire du Trésor américain ou le PDG de JPMorgan. "L'anonymat des transferts de bitcoin constitue avant tout un risque d'utilisation de cette monnaie virtuelle à des fins criminelles (vente sur internet de biens ou services illicites) ou à des fins de blanchiment ou de financement du terrorisme", écrivait l'institution française.

Si le consensus à Davos semble être un fort scepticisme envers le Bitcoin, rappelons qu'en décembre dernier JPMorgan a déclaré avoir déposé une demande de brevet pour un système de paiement informatisé qui, comme le Bitcoin, permettrait aux gens de réaliser des paiements électroniques anonymes sur Internet, sans avoir à révéler leurs noms ou numéro de compte…