Ukraine : "Ce que veut Poutine ? Le chaos" (Saakashvili)

Par latribune.fr  |   |  576  mots
Saakashvili : "Si l'Ukraine mène une transition en douceur avec succès, que le gouvernement fait de bonne réformes, c'en est fini de Poutine." (Reuters)
Pour l'ancien président de la Géorgie, Mikheïl Saakashvili, le président russe Vladimir Poutine cherche à déstabiliser l'Ukraine, quitte à provoquer le "chaos". En 2008, l'ancienne république soviétique avait été envahie par des chars russes, événement géopolitique que plusieurs observateurs mettent en parallèle avec la situation actuelle en Ukraine.

Peu de dirigeants ont affronté Moscou aussi frontalement que Mikheïl Saakashvili. Alors que l'Ukraine accuse la Russie d'avoir envahi la région pro-russe de Crimée, le Wall Street Journal publie une longue interview de l'ancien président géorgien.

A ses yeux, alors que "personne ne sait vraiment quoi faire" en Ukraine, qui est un "vrai désordre", Vladimir Poutine, lui, "sait exactement ce qu'il faut faire" :

Que veut-il ? Le chaos. Il a de bonnes chance cette fois de vraiment tailler l'Ukraine. On se dirige vers un conflit à grande échelle, un grand conflit interne. Vladimir Poutine va semer le trouble dans certaines régions ukrainiennes. C'est un moment crucial, la Russie va essayer de balkaniser l'Ukraine.

Scénario géorgien en Ukraine ?

Au cours de l'été 2008, l'ancien président géorgien avait vu la Russie répliquer à un assaut de son armée en occupant l'Ossétie du Sud, territoire à majorité russe. Un cessez-le-feu était conclu le 26 août, la Russie reconnaissant officiellement l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. La puissance régionale se dit prête "à assurer la sécurité de ces deux États".

Une situation qui, selon Slate, présente de nombreuses similitudes avec la situation actuelle en Crimée, où quelque 6.000 soldats russes auraient, selon le gouvernement ukrainien, été déployés dans la nuit de vendredi à samedi.

>> Lire : Ukraine: une "invasion armée" russe est-elle en cours en Crimée ?

A l'époque, selon le site internet, il s'agissait de dissuader le président Saakachvili de se rapprocher de l'Otan. Aujourd'hui, l'objectif est de décourager l'Ukraine de se tourner vers l'Union européenne.

Pour Poutine, "l'Ukraine est un territoire"

Cette similarité fait de Mikheïl Saakashvili un homme écouté à Kiev, où il a étudié le droit et servi dans l'armée soviétique, explique de son côté le Wall Street Journal. Pour l'ancien président géorgien, Vladimir Poutine n'a jamais digéré la perte de l'Ukraine avec l'implosion de l'empire soviétique, la "plus grande catastrophe géopolitique du siècle" :

Vladimir Poutine ne dit jamais les choses au hasard. Pour lui, l'Ukraine est un "territoire" qui lui appartient, un territoire qui doit être divisé. Son problème, c'est qu'il n'est pas seulement révisionniste, il est aussi revanchard.

D'autant, poursuit-il, que le départ du régime allié de Viktor Ianoukovitch peut affaiblir l'influence russe. "Si l'Ukraine mène une transition en douceur avec succès, que le gouvernement fait de bonne réformes, c'en est fini de Poutine." D'où la volonté de déstabiliser le pays.

Sanctions internationales

À plusieurs reprises, l'ancien président géorgien a assuré que la meilleure défense de l'Ukraine était un changement rapide. "Je suis inquiet pour la Crimée , mais je suis plus inquiet de Kiev . Si Kiev entre en crise politique prolongée , tout le reste va exploser."

Pour soutenir ce mouvement, l'ancien président géorgien appelle donc les pays occidentaux à frapper les proches de Vladimir Poutine de sanctions. "La dernière fois que je suis allé à Miami, il y avait de nombreux Russes. Si vous leur dites qu'ils ne peuvent plus rester là et doivent rentrer geler à Moscou, ils vont se tourner contre Vladimir Poutine", assure Mikheïl Saakashvili, qui ajoute que "les gouvernements occidentaux ont beaucoup plus de poids que ce qu'ils imaginent"

>> Lire : l'interview de Mikheïl Saakashvili dans le Wall Street Journal (en anglais)