Climat et crise en Ukraine font monter le prix du petit déjeuner

Par latribune.fr  |   |  707  mots
Les prix sont tirés à la hausse par la crise ukrainienne, la demande des pays émergents, les maladies, la spéculation et les intempéries. (Photo : Mpellegr)
Huit ingrédients de base du petit-déjeuner ont vu leurs prix augmenter depuis le début de l'année. Une hausse qui pourrait se répercuter bientôt sur les consommateurs.

Vous pourriez bientôt débourser une coquette somme pour votre petit-déjeuner. Huit ingrédients incontournables du premier repas de la journée accusent une augmentation de prix de 25% en moyenne cette année. La faute à la sécheresse, aux maladies et à la demande croissante des pays émergents.

Une hausse inattendue, après une fin d'année 2013 morose

Café, jus d'orange, blé, lait, beurre, cacao, sucre et porc, "tout ce qu'on mange au petit déjeuner augmente", a confirmé au Financial Times Abdolreza Abbassian, de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Un constat inattendu, au vu du niveau des stocks, après un an de récoltes exceptionnelles et de prix parfois en-dessous des coûts de production.

La crise de l'Ukraine n'épargne pas le marché du blé

Malgré l'annonce ce mardi d'un accroissement de la récolte l'année dernière en Russie, un des premiers exportateurs mondiaux, le cours du blé a augmenté à la faveur de la crise en Ukraine, sixième exportateur mondial de blé et grand exportateur de céréales en général. L'hiver glacial aux Etats-Unis n'a fait que renforcer cette tendance.

Aux Etats-Unis, les oranges et le porc succombent aux épidémies

Les adeptes du bacon grillé, eux, risquent d'être indirectement affectés par une l'épidémie qui a touché les porcs américains, et qui serait à l'origine d'une augmentation de 40% à la bourse de Chicago.

Quant aux oranges, elles verdissent sous l'action de la "maladie du dragon jaune" aux Etats-Unis, et souffrent du mauvais temps au Brésil.

Un climat peu favorable

L'incontournable café du matin pourrait bien voir son prix bondir, après une augmentation de 70% sur les marchés mondiaux pour l'arabica, due à un temps sec au Brésil.

Le prix du sucre, qui a augmenté de 6% cette année, est soutenu par les craintes d'aridité en Inde et en Thaïlande, principaux producteurs mondiaux, et une production de sucre de betterave qui devrait chuter de 9% dans l'Union européenne.

La demande des pays émergents tire les prix du lait vers le haut

La poussée sur le cours des produits laitiers reflète la demande croissante des marchés émergents, comme la Chine ou la Russie, dont la population est friande de lait, beurre et surtout de lait en poudre pour les enfants.

Pour résumer, estime Kona Haque, analyste des denrées agricoles à Macquerie, "les intempéries et le risque politique ont atteint les marchés, dans un contexte d'accroissement de la demande".

L'augmentation des prix attire les spéculateurs

Conséquence ? Les denrées agricoles ont gagné en attractivité pour les investisseurs, notamment pour les fonds spéculatifs, qui les préfèrent à d'autres matières premières comme le pétrole ou le cuivre. Un engouement qui ne fait qu'accroître la pression à la demande, et donc la pression sur les prix.

Le fléau El Niño 

Et les choses ne devraient pas s'arranger pour votre assiette : le phénomène de réchauffement de la surface de l'océan pacifique, connu sous le nom de "El Niño", tire les prix vers le haut en alimentant les craintes que surviennent des épisodes de sécheresses. Une mauvaise nouvelle pour les buveurs de chocolat chaud, produit en Afrique de l'ouest. Les amoureux de baguette, faite à base de blé produit en Inde, en Asie du Sud-est et en Australie, devraient également subir l'impact d'El Niño.

Même les gourmets adeptes de saumon fumé ont de quoi s'inquiéter, selon le Financial Times. Le réchauffement de l'océan aux alentours de l'Amérique du sud pourrait réduire les rendements des cultures d'anchois, utilisés pour nourrir les saumons d'élevage.

Des marchés au supermarché

Interrogée par le quotidien financier, Loraine Hudson, de Mintec, spécialisée dans la recherche sur les matières premières, estime que le prix des ingrédients du petit déjeuner va continuer à augmenter au cours des trois prochains mois. Dans le futur, ces augmentations devraient affecter le consommateur final et ses tartines. Avis aux accros au café : les analystes estiment que la hausse des prix pourrait se répercuter dans les rayons dès l'année prochaine.