Pays-Bas : le gouvernement désavoué aux municipales à cause de l'austérité

Par latribune.fr  |   |  528  mots
Le parti travailliste, qui forme une coalition gouvernementale avec les libéraux, a perdu la mairie d'Amsterdam qu'il détenait depuis plus de 60 ans.
Les politiques d'austérité du gouvernement battent des records d'impopularité et peinent à relancer l'économie hollandaise. Résultat, les travaillistes au pouvoir reculent, l'extrême droite prospère.

Les hollandais sont en colère, et le font savoir. Au pouvoir depuis 2012 aux Pays-Bas, la coalition gouvernementale - formée du parti libéral du Premier ministre (VVD) et du parti travailliste (PvdA) - a fait l'objet d'un véritable vote-sanction mercredi, lors des élections municipales, avec la perte des principaux bastions du pays.

"Les partis de gouvernement ont été punis pour l'austérité et les hausses d'impôts", commente Andre Krouwel, politologue à l'université VU d'Amsterdam. Les grands perdants étant les travaillistes, qui accusent un recul "historique" dans les grandes villes.

Adieu Amsterdam, La Haye, Rotterdam...

Le parti travailliste de centre gauche (PvdA), partenaire minoritaire du parti libéral du Premier ministre Mark Rutte (VVD), a notamment perdu sa position de premier parti à Amsterdam, au profit du parti social-libéral D66. Le PvdA y dominait les suffrages depuis plus de soixante ans.

A La Haye, où siège le gouvernement, les travaillistes ont été relégué en troisième position, derrière le D66 et le Parti pour la liberté (PVV) du leader d'extrême droite Geert Wilders. Sort semblable dans le bastion industriel et maritime de Rotterdam, qui a été perdu au profit de "Rotterdam vivable", le parti anti-islam fondé par Pim Fortuyn.

"Nous allons poursuivre les réformes du travail"

Ce recul résonne comme un vote sanction contre le gouvernement et sa politique d'austérité. Depuis la crise financière de 2008, les Pays-Bas affichent une croissance atone et ont même traversé une période de récession. Le gouvernement a notamment dû procéder à plusieurs vagues de coupes budgétaires très impopulaires, pour ramener le déficit sous le plafond des 3% du produit intérieur brut.

Les prochaines élections législatives ne sont pas prévues avant mars 2017 et les deux partis au pouvoir espèrent profiter d'ici là d'une amélioration de la situation économique.

Réagissant aux résultats des municipales, le Premier ministre Mark Rutte a exclu tout changement de cap. "Nous devons garantir la croissance de l'emploi et poursuivre les réformes des marchés du travail et du logement pour être sûrs que nous sortirons renforcés de la crise", a-t-il dit à la télévision.

Montée en puissance de l'extrême droite

Le parti d'extrême droite, le PVV, n'a pas gagné à La Haye contrairement à ce que prédisaient les sondages, mais les enquêtes d'opinion le donnent toujours vainqueur, aux Pays-Bas, des élections européennes de mai prochain. En novembre dernier, le leader du PVV, Geert Wilders, s'est allié avec Marine Le Pen pour appeler les partis européens en accord avec leurs idées à créer un groupe politique au Parlement après le scrutin.

Si des législatives avaient lieu aujourd'hui, la formation de Geert Wilders, qui prône la sortie de l'Union européenne et rejette l'immigration musulmane, remporterait 27 sièges sur les 150 du parlement et deviendrait le premier parti du pays. (contre 24 élus aujourd'hui). Les deux partis de l'actuel gouvernement passeraient quant à eux de 79 sièges à 35, selon les calculs du sondeur Maurice De Hond... Prélude au sort qui guette la France à l'issue des municipales et des européennes ?