Moscou se prépare à affronter le grand froid économique

Par latribune.fr  |   |  525  mots
"Avec des sorties de capitaux de 150 milliards de dollars, la croissance devient négative", a déclaré le ministre de l'Economie russe.
Face à l'accélération des sorties de capitaux, le gouvernement russe n'exclut plus une récession. Il promet aux entreprises qu'elles bénéficieront d'aides massives de l'Etat.

A peine sortie de l'hiver, la Russie se prépare à affronter une nouvelle intempérie : la probable récession économique. Soutien aux entreprises, aux banques, possible mobilisation d'un fonds souverain : les officiels ont évoqué jeudi différentes options de "survie". D'autant que le ministre russe de l'Economie, Alexeï Oulioukaïev, a de nouveau revu fortement à la baisse la prévision de croissance du pays ce même jour.

Le ministre - qui avait déjà abandonné la prévision officielle d'une croissance de 2,5% du PIB cette année - a estimé qu'elle pourrait se situer autour de 0,6 - 0,7% si les sorties de capitaux atteignaient 100 milliards de dollars (72,5 milliards d'euros) cette année.

Bientôt la récession ?

Une tel scénario est très plausible, voire même encore trop optimiste puisque, selon les chiffres du ministère de l'Economie, les sorties de capitaux se chiffrent déjà à 70 milliards de dollars pour le seul premier trimestre. "Avec des sorties de capitaux de 150 milliards de dollars, la croissance devient négative", a déclaré le ministre à l'occasion d'une conférence sur l'investissement.

Ce chiffre de 150 milliards - qui pourrait conduire la Russie en récession pour la première fois depuis la crise financière de 2008-2009 - a été avancé mercredi par la Banque mondiale, dans l'hypothèse où la crise autour de l'annexion de la Crimée s'aggraverait encore. Un scénario qui conduirait par ailleurs à un recul de 1,8% du PIB du pays, en cas de nouvelles sanctions des puissances occidentales. Une des principales craintes de Moscou : que les prix du pétrole, principale ressource du pays à l'export, viennent à baisser.

Aides massives aux entreprises

Les décideurs économiques réunis jeudi ont tous affirmé que l'économie russe pouvait se protéger et que la crise autour de l'annexion de la Crimée pourrait l'aider à devenir auto-suffisante. Une affirmation qui fait écho aux appels répétés de Vladimir Poutine à l'adresse des oligarques russes leur demandant de rapatrier leurs capitaux en Russie.

Le ministre des Finances a assuré aux entreprises qu'elles pourraient compter sur des aides massives de l'Etat, comme lors de la crise financière de 2008-2009, pendant laquelle le gouvernement avait dépensé une somme estimée à 8% du PIB pour soutenir les grandes banques et les principales entreprises du pays.

Pour ce faire, la Russie pourrait notamment puiser dans le fonds souverain alimenté par les taxes sur le secteur pétrolier, dont les actifs sont évalués à 87,3 milliards de dollars, a déclaré Anton Silouanov. 

Soutien au crédit bancaire

La présidente de la Banque centrale a plaidé pour sa part pour des mesures de soutien au crédit bancaire, évoquant une opération de refinancement des banques à trois ans garanti par des programmes d'investissement soutenus par l'Etat : 

"Nous nous attendons à ce qu'une des conséquences des événements récents soit une augmentation de la demande de crédits à l'intérieur du pays si l'accès aux prêts à l'étranger est réduit pour les entreprises et les banques"

Si les Russes sont des habitués des grands froids, celui qui s'annonce paraît toutefois particulièrement rigoureux...